Choix du psy?

Bonjour M.Dulac.

D'où me vient "mission"...? De nulle part. J'envisage, je pense, mon "rôle" de mère comme un vrai job. Ma mission, c'est d'élever mon fils le mieux possible: il y a donc tâche à accomplir et devoir, à mon sens, de réussite. Je veux bien l'élever, c'est ma mission . Car après tout, je lui dois des comptes à cet enfant: en le mettant au monde, je lui ai fait une promesse intrinsèque, celle de lui apporter tout ce dont il aura besoin, à tous les niveaux. La maternité, à mes yeux, est un vrai job (je me répète).

Mon père est décédé en juin 2009. J'avais quasi 30 ans. J'ai appris un mois plus tard que j'étais enceinte.

Mes légères angoisses ont commencé quand j'ai appris la maladie de mon père, 2 ans avant sa mort: ce n'était pas de réelles angoisses... Je suis juste, à partir de là, devenue plus sensible à mes propres petits bobos, réalisant que j'étais moi aussi vulnérable. Elles se sont considérablement amplifiées après la naissance de mon fils. J'ai peur de mourir: j'ai été témoin de la lente dégradation physique et psychologique de mon père, de sa fin inéluctable, que j'ai souhaitée pour en finir avec ses souffrances et je suis aujourd'hui terrorisée à l'idée de faire subir cela un jour à mon fils, ou de n'être plus là pour lui. L'idée de la souffrance que je lui infligerais si c'était le cas me rend dingue.

Ma mère a toujours été une très jeune mère: elle m'a eue à 17 ans. Elle a toujours été très présente, l'est toujours. Nous avons une relation très agréable: beaucoup de confiance, d'entente, de partage. Enfant, je la trouvais souvent trop immature. Ca peut paraitre étrange... mais disons qu'elle avait du mal à garder son calme avec mon frère et je lui en ai souvent voulu. Par ailleurs, ma maman est une femme,à beaucoup d'égards, admirable: forte, digne, caractère bien trempé. Seule ombre au tableau: un réel manque de culture qui l'a beaucoup fait souffrir, surtout quand mon frère et moi étions ado, car pour le coup, on a toujours été des enfants vifs et intelligents, curieux de tout. A part ça, j'ai reçu et reçois toujours énormément d'amour. Et à ce niveau là, elle est extraordinaire.

J'ai beaucoup parlé, expliqué... J'espère ne pas avoir été trop longue... Merci, en tous les cas, de prendre le temps de réfléchir à la meilleure des solutions dans mon cas .

Cher monsieur: en fait, ce que je me demandais, c'était quel type de psy consulter.
Je sais que je ne dois plus tarder.

Ensuite, vos remarques m'interrogent... sur le rapport que vous voyez entre la position de la mère par rapport à son enfant (une bonne ici, visiblement) et l'absence "visible" d'instinct maternel? En quoi les deux ne sont pas compatibles? Et alors là, je me tourne vers votre formation ou votre vécu...

Et puis, "instinct maternel": essence même de la mère selon vous? Vous pensez donc que l'instinct maternel est autre chose que l'instinct de conservation? L'instinct qui pousse toute mère à élever son enfant dans un cadre protecteur, à lui donner l'amour dont il a besoin? Et le cadre matériel nécessaire à son bon développement?

Est-ce que vous pensez que l'instinct maternel est cette chose magique, que toute femme possède de façon innée, un amour ou une forme d'amour particulière? Ce concept qui a culpabilisé tant de femmes, pendant si longtemps, qui le cherchaient sans jamais vraiment le trouver parce que c'est précisément un concept totalement utopique et fictif?

J'ai envie de vous dire que vous m'avez beaucoup aidé. J'irai voir une femme.

Je suis pudique Monsieur Dulac, ce qui rendra la tache introspective ardue.
J'ai un peu de mal à l'idée de parler du lien ou de l'amour que je ressens pour mon fils sur un forum.

Et puis... Je dissocie, quelque part, mon "statut de mère", statut qui me responsabilise vis-à-vis de mon fils, et nous deux dans notre quotidien. On est finalement doublement mère: on est mère "administrative" (responsable légale, répondant d'un devoir de parentalité) et "mère intime".

Et je rebondis sur votre dissociation qui, j'insiste, ne devrait pas en être une: instinct de conservation et instinct maternel. La conservation de soi, c'est la conservation du prolongement de soi: de son enfant. C'est amour protecteur de la mère, c'est un amour, en quelque sorte, de conservation: tout faire pour que rien n'arrive à son petit, le protéger à tout les niveaux (dans l'amour y compris).

Un ex: je n'ai pas tout de suite compris que mon fils avait besoin de moi, parce qu'un bébé ne manifeste a priori pas plus d'intérêt pour sa mère que pour une autre personne. Il s'attache à celui ou celle qui le nourrit (nous partagions, avec mon ami, son alimentation par ex...). Jusqu'au jour où il a fait une pyelonephrite et a du être hospitalisé (il avait à peine 5 mois). Là, il n'y avait que moi. Sans que je comprenne vraiment pourquoi, il ne se sentait protégé que dans mes bras et j'ai compris ce jour-là qu'il avait besoin de moi, que j'étais seule capable à ses yeux de calmer ses craintes, ses peines.

Le lien "magique" qui n'en est pas un est un lien raisonnable en réalité, qui se construit sur la durée et qui est tout sauf inné. La confiance s'installe au fur et à mesure. L'enfant ira se blottir contre celui ou celle qui l'aime et auprès de qui il se sent protégé. Mon fils est très proche de ma propre mère, qui est, comme je l'ai déjà dit, une mère et une grand-mère extraordinaires. Je n'existe plus quand elle est là, parce qu'il sent l'amour infini qu'elle a pour lui. C'est sa Mamie, et je m'en réjouis .

Maintenant, car le débat est intéressant, je considère qu'avec un enfant, rien n'est acquis: le monde dans lequel il vit lui apprend que son père et sa mère seront toujours son père et sa mère, qu'il n'en a que deux et qu'à ce titre, il les aimera toute la vie. Quel égoïsme que de prendre cette autorité affective pour argent comptant... Non, l'amour d'un enfant, même s'il est là a priori, ne doit pas suffire à la parentalité. Il y a aussi un vrai job à accomplir, une mission: l'élever en lui donnant toutes les bases, les notions, les armes nécessaires à son bon développement et à sa bonne intégration dans la société. Les parents ne le sont pas que pour le plaisir d'être aimés ou d'aimer: ils ont aussi et avant tout, le devoir de répondre d'une mise au monde. "Je ne t'ai pas fait pour le plaisir de jouer à la poupée. Je t'ai conçu en ayant conscience que je devais t'apprendre à devenir un jour un adulte équilibré".
J'ai été longue. Vous m'en excuserez .

Monsieur Dulac... J'ai posté un second message dans le forum, intitulé: "acte manqué pendant mon sommeil?". Si vous en avez le temps et l'envie, pourriez-vous le lire et me dire ce que vous en pensez?

Bonjour Monsieur Dulac. Non, je n'ai pas cherché, car comme je pars tout le mois de juillet, je remets à aout ou septembre.