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suicide de mon meilleur ami, deuil difficile

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Léa 24
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suicide de mon meilleur ami, deuil difficile

Bonjour.

J'ai pris connaissance de quelques témoignages de vie que j'ai trouvé assez bouleversants, alors je me lance.

J'ai 24 ans, c'est la première fois que je confie cette histoire à un psy, et c'est un exercice douloureux de me remémorer tout cela et de l'expliquer pour que ce soit compréhensible pour un lecteur avec un regard neuf.

J'ai vécu beaucoup de déménagements lors de mon enfance et de mon adolescence. Une très jolie partie de ma vie (entre CM1 en primaire et 4ème au collège) s'est déroulée dans les Vosges, à Épinal. J'ai connu S. (oui respectons son anonymat même s'il n'est plus ici) pendant deux ans, CM1 et CM2.
S. était un petit garçon très éveillé, plus intelligent que la moyenne, au regard grave, et à l'âme d'artiste. Il était amoureux de moi, je l'ai appris au bout de ces 2 années passées ensemble en classe. Mais j'étais amoureuse d'un autre garçon rencontré également en CM1 mais qui avait déménagé au bout de 3 mois (à Laval mais cela je ne le savais pas encore et cela a son importance pour la suite). Ah les amours d'enfants!

Je n'ai pas revu S. pendant un bon nombre d'années. Nous nous étions quitté à 10 ans, et nous nous sommes retrouvés à 18 ans. Ce fut de belles retrouvailles, les conversations étaient éveillées, intelligentes, intéressantes, à tout point de vue. Sa phrase de pseudo était déjà à l'époque et n'a jamais changé "BE".

A 18 ans, j'ai eu envie d'organiser une soirée retrouvailles "on s'était dit rendez-vous dans 10 ans" avec les anciens amis de CM1 CM2. Ce que j'ignorais, c'est qu'ils étaient déjà tous plus ou moins encore en contacts, ils se voyaient toutes les semaines, faisaient des fêtes entre eux. Ayant déménagé fréquemment, cette alchimie entre amis m'émerveillait. Comment après des années et des années on pouvait encore être en contact avec ses amis et vivre à leurs côtés? Je voulais connaître ça.
J'ai revu S. une année avant cette soirée de retrouvailles. J'étais venue 4 jours dans les Vosges, pendant des vacances. Deux jours entiers nous ne nous sommes pas quittés. Mais il y avait de la retenue, autant de son côté que du mien. Du respect mutuel. De l'admiration de mon côté. En fin je voyais "en vrai" le petit S. avec qui j'avais tant écrit!

Pendant 4 ans nous avons entretenu une relation à distance, relation amicale. Il est venu chez mes parents l'espace de deux jours.
A ce moment là, je sortais depuis quelques mois déjà avec, je vais l’appeler Chéri car son prénom commence également par un "S". Chéri c'est le petit garçon dont j'étais amoureuse en CM1/ CM2 et qui avait déménagé à Laval, car moi même entre temps, j'avais eu le temps de déménager à Caen, puis à Rennes. (lui habitant à Laval, puis en formation sur Angers, ce fut simple).
Les deux jours où S. est venu à Rennes furent très jolis, nous avons passé de très bons moments.
Au moment de partir, profitant d'un instant seul à seul avec moi, S. m'a remercié pour ces deux jours, avec un air très grave, et je lui ait répondu en riant qu'il y en aurait d'autre!

Malheureusement non.

Septembre 2009, séparation d'avec Chéri (ancien militaire qui a fait l'Afgha, en formation et qui avait l'impression de ne pas pouvoir gérer sa vie privée avec moi et ses études a choisi de privilégier ses études). S. via "msn" ne parvient pas à me redonner le sourire. Lui même n'a pas l'air très bien dans sa vie, me parle d'un train qui roule sur des rails, qu'il se serait peut être trompé de rails, et que faire si un jour on se rend compte qu'on s'est peut être trompés de rails ... J'ai fais le lien plus tard lorsque sa famille m'a remis un exemplaire de son "Artbook".
Il s'est suicidé peu de temps après son anniversaire de 22 ans, début novembre. Je n'ai jamais su la date exacte mais il me semble que c'était la nuit du 6 au 7 ou du 7 au 8. Il s'est jeté du haut d'une tour. Il avait un avenir brillant tracé devant lui, c'était un infographiste de génie, peu d'amis autour de lui, mais des vrais, peu d'amis d'enfance m'a confié sa mère.

Il a été incinéré à Strasbourg fin novembre 2009. Je n'ai jamais compris pourquoi ce geste.
Ce jour restera a jamais un jour gravé dans ma mémoire, un jour sans couleurs, sans saveurs, sans sourires.
Il avait crée un Artbook dont il a légué un exemplaire à sa famille, un à une amie qui habite Paris (que je ne connaissait pas du tout) un autre à une autre amie dont il était amoureux qui habite Strasbourg (qui a 6 ans de moins que nous) et un autre à moi-même. Cela a crée des jalousie au sein des personnes qui aimaient S. et je peux le comprendre.

Cet Artbook m'a touchée, il se nomme "BE". J'ai peur de me dire que ce projet de mort avait pris date longtemps à l'avance, j'ai peur de me dire qu'il y pensait depuis plus de 4 ans avant de passer à l'acte!

Je me suis tatouée un "BE" sur l'intérieur du poignet gauche. Quand je joue du violon, il se voit très bien, S. ne m'a vu jouerqu'une seule fois, en CM2, et  pourtant il me l'a redemandé une fois sur "msn". Il ne m'a jamais forcée à être prise en photo, mais je regrette de ne pas l'avoir laissé faire, car il faisait de très jolis portraits et était un talentueux photographe.

Depuis, à chaque date anniversaire, même si un aller retour Rennes Strasbourg me laisse en difficulté financière, chaque fin de novembre je suis là bas.
Est-ce que ça m'aide? Je n'en ai pas l'impression. Ses cendres ont été enterrées dans un des deux jardin du souvenir que comporte le cimetière où il a été incinéré. Je ne sais où me recueillir, même si mon coeur me dit qu'un des deux jardin lui correspond plus, donc je vais sur celui ci, plus intime, moins tape à l'oeil. Chéri me soutient dans ce choix.

Oui car je suis revenue avec Chéri, qui s'est excusé de ce qu'il m'avait fait subir, du fait de ne pas avoir été avec moi pendant les 6 mois très compliqué suite à la mort de S. Depuis, il est à l'écoute parfois de ma tristesse qui transparaît, mais parfois il rejette ma vision des choses sans vouloir la comprendre (à l'armée il a développé une vision particulière de la vie et de la mort, ce qui était déjà le cas de façon moins marquée lorsqu'il était enfant).

Depuis que j'ai perdu S. je me sens seule même si une certaine communication s'est installée avec ses deux autres anges (l'amie de Paris et celle de Strasbourg, les deux autres filles qui ont eu un exemplaire du Artbook "BE"), communication très denses pendant l'année qui a suivi, mais qui se raréfie maintenant que nous sommes sensée avoir passé une étape de deuil.
Concernant ces étapes, j'ai refoulé ma tristesse pendant quelques mois puis j'ai re craqué, et tout le travail a du être recommencé.

Maintenant, je suis toujours plus ou moins en colère contre Lui, triste aussi, et j'ai l'impression de vouloir parfois vivre à fond ma vie (alcool, et d'autres pratiques extrêmes) et parfois de me renfermer sur moi même, par exemple là je suis en formation et j'ai décroché volontairement d'une semaine de cours pour être seule.

Je ne sais plus si j'avance. Et si oui, dans quel sens aller?

J'ai toujours voulu en parler avec quelqu'un de formé pour m'écouter et me répondre.
J'ai l'impression que cette blessure ne guérira pas.

Essayer de comprendre son geste? "Il n'était ni heureux, ni malheureux. Il a voulu penser à lui pour une fois. Il n'était pas à sa place ici." Ces bêtises je les ait entendues à son incinération. Je ne suis pas d'accord, mais est-ce à moi d'être d'accord? Conclusion, je ne comprendrais jamais son geste parce que le principal intéressé pour nous l'expliquer n'est pas là. Et franchement, se jeter du haut d'une haute tour dans une forêt, nuit noire, en voyant s'approcher dangereusement le sol de sa tête, il a forcément dû regretter l'espace d'une seconde?
Souffre-t-il là où il est? Peut-il encore nous communiquer de l'espoir de temps en temps?
Là on rentre dans de l’ésotérisme et ce n'est pas la question.

La question, parmi tant d'autres, c'est, quand cessera-t-il de me manquer?

Merci de m'avoir lu.

Amicalement,

Léa.


" Je vous souhaite des rêves à n'en plus finir,
et l'envie furieuse d'en réaliser quelques-uns. "

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Re: suicide de mon meilleur ami, deuil difficile

Bonjour,

vous vous êtes créée semble t il un fantasme autour de cette personne de telle façon a la faire continuer à vivre au travers de vos désirs.
Il serait bon pour vous que vous vous autorisiez à faire le deuil, car il n'y a que comme cela que vous parviendrez à appréhender la vie sans lui.
Bien cordialement


Cabinet de psychothérapie et de Psychanalyse de Christelle Moreau, MAISON de la SANTE, 7 avenue Alfred Mortier, 06000 NICE CENTRE, Arrêt de TRAM Lycée Masséna, Cathédrale Vieille Ville, pour rendez-vous, merci de me joindre au 06 41 18 52 56, à bientôt.
M'appeler avec Skype : christelle.moreau

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