Du mensonge...

C'est que j'ai eu du mal à les discerner moi-même! Les trois types de mensonges que vous énoncez sont-ils séparés les uns des autres, ressortissent-ils de mécanismes différents? Ces trois types me semblaient mêlés dans le cas de ma mère...

Elle m'avait raconté par exemple que quand elle était enfant, elle volait régulièrement un cheval dans un champ jouxtant la maison de campagne familiale. En cachette, elle fabriquait un licou avec de la corde à ballot de paille, harnachait la bête et faisait un tour avec, avant de la remettre dans son champ, ni vu ni connu.
Sauf que renseignements pris chez mes grand-parents, il n'y avait jamais eu de cheval à côté de leur maison de campagne...Sans doute voulait-elle s'imaginer une enfance aventureuse ( donc mensonge pathologique?) , mais je lui demandais cette histoire comme un conte le soir, et elle la racontait si bien ( mensonge comme oeuvre d'art?) . Quel sens donner à ce type de "contes"? Bien-sûr, quand je lui ai demandé pourquoi les grand-parents n'en avaient aucun souvenir, elle m'avait répondu : "Pour eux, une fille ne devait pas monter à cheval".

Je vais faire un petit tour du côté de chez Winnicott, ceci dit.

Merci de me répondre.
Je sais que en principe on ne parle pas de tiers cas ici, mais touchant ces questions si délicates du mensonge, il est difficile d'aborder directement l'intéressée, encore plus que pour toute autre chose. J'ai tellement la sensation qu'il s'agissait pour elle,et s'agit encore sans doute, d'une question de vie ou de mort "psychique"...
Ma grand-mère est morte il y a deux ans, je ne saurais rien élucider de ce côté...Je sais juste que ma mère m'avait dit une fois que sa mère avait été retrouvée sur un perron d'église, et qu'elle aurait été la fille illégitime d'une huile de la région. Mais bien-sûr, c'est invérifiable. Et cela ressemble tellement à un scénario de mélodrame que je doute...Par contre, dans les papiers officiels, elle est notifiée "orpheline". Difficile pour moi après ça de reconstituer l'histoire familiale, du côté maternel...

Une autre question à ce sujet, si vous permettez: pour un spécialiste, est-il indispensable qu'une personne qui ment ainsi revienne de ses mensonges? Surtout s'ils lui servent de tuteurs? Faut-il les "désiller"?  Je pense à Don Quichotte qui meurt dès qu'il reconnaît s'être leurré. J'ai tellement l'impression que ma mère "tenait" par ses mensonges. Et au fond, je n'arrive pas à lui en vouloir, parce que c'était presque son seul défaut...Si s'en est un.

En outre, qu'entendez-vous par "réalité psychique"?

Cordialement,
Gustavie

Merci pour cet échange passionnant.
Je dois avouer que je suis un peu bouleversée de lire un mot tel que "psychose"...en plus c'est vrai d'écrire au sujet de ma mère...
On se fait à tout, et je m'étais faite aux mensonges de ma mère, et je me demande maintenant si tous, mes frères et soeurs, mon père surtout, en le prenant comme un des ses attributs, dont on plaisantent même, n'aurions pas plutôt du l'inciter à se faire aider.
Il faut dire qu'il est facile de vivre avec elle, car dans la vie de tous les jours, c'est une personne tout à fait normale, agréable et intelligente, elle ne médiatise pas le présent par des mensonges. En revanche, tout ce qui concerne son passé: un voile de mensonges, d'esquives en tous genres. Alors tout simplement, on n'évoque plus le passé  avec elle, et on la laisse raconter un de ses contes préférés en n'écoutant que d'une oreille...On lui a ainsi peut-être fait plus de mal que de bien.
Pas facile d'aimer une menteuse...car je ne sais jamais qui elle veut que j'aime, elle, la voleuse de chevaux, ou que sais-je encore?
Ah là là...