Le savoir de l'analyste est avant tout savoir naviguer avec les formations de l'inconscient ( c'est celui qui conduit par l'arrière). Ensuite, qu'il nourrisse ce savoir de la théorie analytique, relève de la boussole et elle est nécessaire, mais si elle devance cette découverte, ( il n'y a pas de pays à visiter), de quelque manière que ce soit, sous forme de programme à établir, de temps déterminé par avance, nous sommes dans la maîtrise. Cela va nourrir la résistance.Là on peste et on avance plus...L'inconscient se ferme comme une huître. Oui l'analyste, sa position, est un siège éjectable. Il doit pouvoir accepter une position aérienne (écoute flottante), sans craindre les orages car il est arrimé au signifiant de l'autre qu'il écoute.Il est temporairement délocalisé.

Devenir analyste est comme un savoir qui tombe, un : "c'est ça!"" comme après une interprétation..."," une guérison ", un ciel qui se dégage...Après avoir parlé, jamais avant...Cela suit la logique de l'inconscient. Vous comprendrez que c'est en perpétuel remaniement et que pour la pratique, si l'on doit être assis, nous ne devons jamais se croire assis sur un savoir "borné", mais ouvert à l'intégration du savoir de celui qu'on écoute... C'est une question de temps, d'exercice, une position d'équilibriste (décidé), il peut aussi rater son fil...Freud, sur le travail de l'analyse parlait de cette aride traversée " l'assèchement du Zuiderzee" (on dessèche une terre avant d'y faire germer des plantations nouvelles),

L'analyste c'est celui qui a patienté pour lui-même dans cette traversée, avant d'être patient pour les autres.Lacan parle de l'insondable décision de l'être, cette décision relève de la responsabilité de chaque sujet, donc personne ne peut donner cette garantie, fort heureusement, hormis les pères spirituels dans les églises (c'est une autre place).

Certaines didactiques sont hélas constituées en chapelles avec toutes les échelles à gravir, ce qui ne relève pas de l'ouverture à l'inconscient qui nous agite , mais de néo-églises, sous la réconfortante appellation d'analyste.Lacan disait que l'on soit Lacaniens si l'on veut, ce que je comprends dans une connaissance de sa théorie mais que chacun doit réinventer pour lui, avec ses propres signifiants, avec sa griffe, sa signature, si je puis dire.

Il crée et recrée l'analyse,la redécouvre avec chacun.

Si l'analyse requiert une technique qui s'apprend sur le divan, le passage à l'analyste relève du goût pour l'art:Soulages disait:" c'est en trouvant, que je savais ce que je cherchais"...Nous savons que la création est un peu d'inspiration et beaucoup de transpiration. L'analyste c'est celui qui transpire dans bien des cas. C'est celui qui sait que si la douche est froide ou bouillante, il sait dans quel sens tourner le bouton pour tempérer...Question de langage: le français quand il rencontre quelqu'un dit souvent, "tu es quoi"? L'Italien, tu fais quoi?A propos de leur travail. J'aime cette expression:faire l'analyste...Oui, toute analyse menée jusqu'à un certain terme est didactique, mais l'on peut décider, aussi, de ne pas occuper cette place.L'analyste, donc, suivant les lois du langage et de manière métonymique (déplacement), serait "un nouveau symptôme"?

Catherine Valentino
Psychanalyste