Angellina — 12-06-2009 13:44

Orpheline dès la naissance d'une maman seule (lors de sa grossesse, en tout cas...) votre réponse sur le post de Book m'interpelle.

Si j'ai bien compris ; j'ai survécu donc le "bib" m'a bien été donné, d'autant que je suis restée "cachée" durant 3 mois à la maternité (le temps de trouver la soeur de ma maman qui était alors à l'étranger).

voilà mes questions :

- ce "premier amour", cet Autre serait, il "reconnu" dès les premiers instants de vie ?  Lors des premiers biberons ? (pour ma part ce serait ainsi le personnel soignant...)

- ou serait il "identifié" lorsque le bébé serait au calme dans sa famille d'accueil (à savoir une fois avec ma tante qui m'a élevée...)

- ce peut il être les deux à la fois ? peut on "se" reconnaitre plusieurs Autres à differentes étapes de notre enfance ?

En conclusion : je suis personnel soignant en blouse blanche, j'accompagne, je soulage, j'aide à la guérison, je fais quelques misères parfois :/ , je suis infirmière!!! étrange non ;)??

Thérapeute 2 — 13-06-2009 17:38

Bonjour

La question que vous posez (que vous vous posez?) est déterminante. Lorsque le premier amour tarde à se faire ressentir, la construction de l'être peut être compliquée. La genèse de la psychée à été très bien décodée par deux grands chercheurs, Donald W Winnicott et Didier Anzieu. Jetez un oeil sur leur littérature, vous en tirerez sûrement des trésors (surtout Winnicott, pour une infirmière).

Angellina — 13-06-2009 19:00

merciiiii de votre réponse, celle ci m'aide enormément...cela fait 1 an que je suis en analyse (en fait il m'a fallut de nombreux mois de psychotherapie à la suite d'un gros choc affectif...).

l'analyse me semble très compliquée malgrè le fait d'avoir une psychanalyste que je trouve exceptionnelle. j'ai refoulé de nombreux paramètres et j'ai conscience du fait que j'ai une "décortication" analytique très douloureuse à chaque rendez vous.

en effet je sens que ma construction en tant qu'être à été sans aucun doute très compliquée du fait de nombreux paramètres, car en plus d'une culpabilité exacerbée, il y a eut le mensonge de ma tante (appelée maman) avec de sa part un instinct de propriété, les secrets de famille que je n'ai pu que construire par le biais de pièces de puzzle en ayant quelques paroles d'adultes "piquées" par surprise deci delà...et j'en passe!!

j'ai en effet un livre de Winnicott intitulé "jeu et réalité" (sur lequel je ne me suis pas encore posée) qu'en pensez vous, si toutefois un autre titre s'averait mieux adapté à ce que je suis, je souhaiterais le découvrir.

Merci à vous.

Jean le Guennec — 18-06-2009 12:59

Bonjour,
Vous dites :

a écrit:

- ce "premier amour", cet Autre serait, il "reconnu" dès les premiers instants de vie ?  Lors des premiers biberons ? (pour ma part ce serait ainsi le personnel soignant...)

Le bébé est considéré comme une personne dès avant sa naissance, par sa mère (un père éventuellement) une tante, une sage-femme, etc. On lui parle, on parle de lui, bref, il fait partie de la famille.
Pour lui/elle, qui ne voit pas clair, il n'y a pas des personnes distinctes, mais cet Autre qu'il entend avant que de le voir et dont dépend sa survie (sein ou biberon), à qui il/elle va s'adresser pour obtenir ce dont il a besoin, et ce avant même de savoir ce que c'est que demander.

Vous dites encore :
-

a écrit:

ce peut il être les deux à la fois ? peut on "se" reconnaitre plusieurs Autres à differentes étapes de notre enfance ?

Oui, sans doute. Il y a des personnes qui peuvent incarner cet Autre à différents moments de notre vie. Peut-être passons-nous notre vie à le rechercher.
Quant au choix de la profession, pensez-vous l'avoir têté avec le biberon de la maternité, ou s'agit-il d'autre chose ?
Cordialement.

Angellina — 22-06-2009 13:47

Merci pour votre réponse,

Toutefois un mot à fait une sorte de choc en moi il s'agit du mot : téter.
je réalise qu'effectivement qulqu'un m'a nourrit, (puisque jusqu'à nos jours aucun nouveau né n'a eu la possibilité physique de tenir un biberon ;)) et pourtant...je n'ai pas la sensation qu'il y ai eu qui que ce soit.

Cela peut sembler irréel mais pour moi je ressens une sensation de "guerrière solitaire" de ma naissance à ce jour...

Il arrive parfois que certaines personnes s'inquiètent pour moi et cela m'étonne, d'autre estiment que je les laisse tomber et j'ai beaucoup de mal à leur faire comprendre mon propre sens du fait qu'il se sentent abandonnés.

En ce qui concerne ma profession, j'ai toujours eu le sentiment que c'est elle qui est librement venue à moi et je n'ai vraiment pas lutter pour faire mes études d'infirmière.Cependant j'avais d'autres choix de professions, (évidemment dans le paramédical...).

Alors à la question : "pensez vous l'avoir tété avec le biberon de la maternité?", je répondrais sans doute non.

Il s'agissait peut être d'un désir de "sauver" cette maman, peut être encore afin de retrouver l'ambiance (blouses, odeurs, bruits etc...) dans laquelle je l'ai laissée (avec un sentiment de totale impuissance)  ou encore revivre intensément la mort de ma mère afin de lutter contre l'oubli (histoire de refuser ce fameux dueil et ne jamais couper le cordon), soit ressembler au plus près à ce qu'aurait pu être la personne soignante  l'accompagnant durant 4 heures d'agonie...

Rien de triste, uniquement des réflexions sur un sujet qui est moi !!!!;)

Angellina — 22-06-2009 13:52

oups!!
"duel" au lieu de "deuil"...y'aurais sans doute à bosser dessus!! :D
merci à vous.

Jean le Guennec — 22-06-2009 16:07

a écrit:

Il s'agissait peut être d'un désir de "sauver" cette maman

C'est bien possible, en effet. Et puis, à défaut, en sauver d'autres.

Têter : nous avons tous de ces amnésies qui ne nous gênent pas, jusqu'au jour où on nous les fait remarquer.

Cordialement.

Thérapeute 2 — 24-06-2009 18:08

Bonjour

Eh oui, comme nous tous quelqu'un vous a nourrit, porté dans ses bras puis dans la vie...
Tout ceci peut vous paraître non vécu si vous avez gardé en vous la grande confiance dont le bébé a besoin. Et il en faut de la confiance pour survivre à la naissance...

Thérapeute 2 — 24-06-2009 18:10

Bonjour

Eh oui, comme nous tous quelqu'un vous a nourrit, porté dans ses bras puis dans la vie...
Tout ceci peut vous paraître non vécu si vous avez gardé en vous la grande confiance dont le bébé a besoin. Et il en faut de la confiance pour survivre à la naissance...

Angellina — 24-06-2009 19:43

Bonjour,
Mais cette confiance serait elle aussi (dé)"livrée" à la maternité (par un personnel affectueux) ou acquise en fonction du respect des besoins vitaux du nourrisson ?

Sans doute les deux me diriez vous, puisque l'un est rare sans l'autre de la part d'auxilliaire puericultrice...:)

Thérapeute 2 — 24-06-2009 19:59

Je pense qu'un nouveau né arrive au monde rempli de confiance en lui (elle), sans cela la survie serait compromise. Ensuite viennent différends ressentis (voir le lien ci après http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Moi_Peau) qui établiront les toutes premières bases sur lesquelles le moi se construira. Mais le temps que ces bases se créent il me semble que le nouveau né a un besoin vital d'une grande  confiance en lui innée.

Angellina — 26-06-2009 13:55

Bonjour,
Merci pour ce lien qui m'a éclairé sur un point et j'ai l'envie de vous en faire part.
Depuis quelques mois j'utilise, avec pleine jouissance, le terme correlation qui à présent résonne en moi en tant que "corps et relation" en imaginant qu'il s'agirait peut être de ce qui m'a toujours manqué le contact de ce qui recouvre le corps en tant que peau...;)

j'ai pu lire "....le Moi s'installe et pour se construire il s'appuie sur ce qu'il connaît alors, sur ce qu'il à déjà éprouvé..."

Ma question est : le nourrisson isolé, ne faisant plus couple avec sa mère lors de ses premiers instants, deviendrait il un adulte en recherche de relation fusionnelle ?

Thérapeute 2 — 26-06-2009 18:06

Bonjour

Le nouveau né s'appuie sur ce qu'il connaît, donc lui même, ses sensations d'enveloppe, ses sensations sonores et ceci dans les premiers jours de sa vie. Bien évidement si dans ces instants il manque de contacts physiques, sa construction peut s'en trouver altérée. Et la recherche de fusion peut découler en partie de cela. En partie car la recherche de fusion est complexe cf: Le banquet de Platon...et autre nombreuse littérature sur ce sujet.