Les colères de nos petits ( de leur 15 mois à leur 7 ans )
Par Christelle Moreau, lundi 21 octobre 2013
Il est normal pour l'être humain d'exprimer sa colère et cela est même salvateur. A ces âges, bien que l'intensité et le mode fluctuent sur différentes périodes, l'enfant ne sait pas encore gérer la force de sa colère ni la façon et l'impact qu'elle aura sur les autres. Petit à petit, L'enfant apprendra grâce à vous, parents, instituteurs, nounous, grands-parents entre autres, à se contrôler, à pondérer, à se modérer et à en jauger la force en fonction de l'impact désiré. Seulement, ceci ne sera possible que si et seulement si vous en lui donnez les moyens. Pour cela, vous allez devoir lui émettre clairement des limites.
Dans ces règles, il faut que vous déterminiez celles qui sont essentielles, indispensables et celles qui ne sont mise en place uniquement que pour un bien-être non obligatoire et qui sont propres à la vie familiale.
Ex: ne jamais se pencher à la fenêtre ( question de vie ou de mort ) et / ne pas renverser son gobelet pendant le goûter ( question de convenance) les deux interventions ne devront pas être les mêmes, tant au niveau de leur intensité qu'au niveau des propos. Celles, incontournables le resteront et les autres ne seront pas à maintenir de la même façon. Elles permettront justement, les petites dérogations.
Ex: si l'on mange le goûter dans le jardin en plein été, le gobelet peut d'un seul coup prendre des allures de jeux tolérable...
Les quatre axes à ne pas utiliser sont les suivantes : la force, les cris, la séduction et la stratégie.
Quant au rejet de l'enfant, du genre :
" tu n'es vraiment pas gentil, hors de ma vue ! en hurlant... ou encore :
"je me suis énervé à cause de toi, parce que tu es vraiment méchant !"
sont des formules trop culpabilisantes et blessantes. De plus, elles font fonctions contraires au principe même d'éducation positive. L'enfant sait que vous l'aimez, si dans votre discours vous lui dites clairement qu'il est méchant, alors, vous lui exprimez la possibilité d'être méchant et aimé, ce qui n'est pas forcément juste ni aujourd'hui ni demain lorsqu'il sera adulte...
Plus vous serez sûr de vous, calme et serein tout en signifiant votre désaccord fermement et clairement, plus vous parviendrez à lui faire comprendre la nécessité des règles que vous lui imposez pour accepter d'y adhérer.
Pour cela, il faut tout bonnement que l'enfant ai bien compris que vous ne poser pas les règles pour vous, mais et bien parce qu'il est nécessaire de les poser, que personne ne peut y déroger, même pas vous, car les règles qui sont valables pour lui sont valables pour tout le monde. Bien sur, il y en a en plus pour les grands et d'autre qui ne concernent que les petits, ( comme de se servir d'une automobile...) mais tout le monde doit respecter les règles, tout simplement.
Ne pas attendre :
Il est plus aisé d'essayer de gérer un conflit au moment même où il a lieu. Et si vous évitiez de dire à votre enfant :
« Tu vas voir, je vais dire à ton père la bêtise que tu as faite quand il rentrera ce soir...»
Il est très déstabilisant pour un enfant de sentir que son parent n'arrive pas à lui dire le « non » de suite, qu'il patiente pour intervenir ou qu'il attende que la crise de nerfs s'installe et que viennent des hurlements avant qu'il n'intervienne. L'enfant ressent alors une grande faiblesse de la part de ses parents et cela génère chez lui de fortes montées d'angoisses qui peuvent par exemple être source de trouble du sommeil.
Donner des limites à son enfant c'est le sécuriser bien plus qu'elles ne le briment, car elles lui donnent des repères.
Si frustrer son enfant créait des crises, le mieux est de lui en parler en dehors des crises, dans un moment où il est attentif. Si ces crises se résument à de gros sanglots, des tapements de pieds et des cris de rage et que vous en parlez hors crise, cela devrait s'estomper rapidement, par contre si l'enfant venait à chercher à se faire mal, on peut considérer à ce moment qu'il cherche probablement à formuler une demande, un manque , un besoin ou encore un gène, un tracas, un soucis plus grave. Se cogner la tête au sol par exemple jusqu'à l'intervention d'un adulte pourrait par exemple signifier une peur d'être vu, d'être reconnu ou encore une peur d'être reconnu dans sa souffrance, l'enfant cherche alors les limites à la tolérance de l'adulte passif. Dans tous les cas, l'enfant recherche sa place au sein de la famille, à vous de la lui donner. Il est important qu'il la prenne et se l'approprie, mais ce n'est pas à lui de la choisir, il en a une qui lui appartient et il n'a pas à se sentir obligé de déstabiliser les autres pour l'obtenir, faites le lui savoir.
Si l'enfant cherche à frapper, à mordre, c'est aussi une recherche de limites mais cela est un peu plus compliquées que cela :
Un enfant de cet âge qui tape sur vous ou sur quelqu'un d'autre ou bien jette brusquement ses jeux au travers de sa chambre est un enfant en plein mimétisme. L'enfant de 18 mois à 36 mois environ engage son corps tout entier dans ce qu'il éprouve. Alors, lorsqu'il s'agit d'une colère, forcément, cela peut faire des ravages... Il apprend chaque jour par vos gestes à ne surtout pas toucher au four par exemple. Lorsque vous lui prodiguez l'interdit, vos yeux sont "menaçants", la plupart du temps le doigt s'élève au visage quand ce n'est pas la main qui s'élève mimant une pseudo fessée. En vous voyant le menacer dans l'interdit, il intériorise vos mimiques en intégrant une fessée imaginaire ou une gifle potentielle.
Alors, lorsque bébé vous lève la main dessus, ne contrôlant pas vraiment ses gestes, il finit tout simplement les vôtres, c'est à dire tous ceux que vous n'avez jamais osé finir, par mimétisme. Bien sur, vous n'êtes pas seul dans son éducation, il se peut que cela ne soit les vôtres, et si vous regardiez autour de lui ? Un copain turbulent ? Une Atsem un peu trop energique, une maîtresse excédée, un papa fatigué ou encore une nounou trop carrée...
Analysez, cherchez, et comprendrez. Si vous avez suivi mon raisonnement, lorsque l'enfant vous tape, il ne fait que manifester qu'il est en train de comprendre vos propres directives ou celle de son entourage proche, camarades, maitre(sse), grands-parents.. .
En revanche, si, à votre tour, vous vous mettez en colère et interprétez son geste comme une menace et une agression alors, il peut entrer dans un engrenage d'agressivité où il peut malheureusement se perdre. Pourquoi à ce moment là, ne pas mettre en place de la dé-dramatisation et de la dérision, tout en signifiant clairement les choses ? Et si à la place de la colère, on remplaçait tout cela par un câlin ?
Votre rôle sera alors de lui apprendre à tout gérer par la parole en expliquant correctement avec vos mots ce que vous ressentez lorsque vous êtes en colère pour ce qu'il a fait et non pas contre lui et d'essayer de vous abstenir d'agiter les bras lorsque vous êtes en rogne !
La subtilité réside en deux points : bien faire passer le message en étayant ses dires avec des mots simples mais qui mettent en cause et en évidence des situations afin que l'enfant ne subisse pas l'autorité comme une "loi du plus fort" mais bel et bien comme une règle commune à tous les membres de la famille. Le deuxième point est donc forcement d'appliquer les règles aussi pour soi, de s'y tenir et d'en montrer l'exemple.
Quoi de plus logique que de faire comme papa ou comme maman car l'enfant peut penser :
"si je considère mes parents comme tyrannique car, ils m'imposent des règles qu'ils ne respectent même pas eux-même, alors qu'ils sont grands, alors pourquoi ne le serais- je pas à mon tour, tyrannique ?".
Alors, soyez clair, ne défaillez pas et montrez l'exemple ! Mettez vous à sa hauteur d' yeux ( abaissez vous ) pour lui édicter les interdits, faites les gros yeux et surtout regardez le dans les yeux !
Quelques phrases clefs pour s'en sortir :
Je comprends très bien que tu ne sois pas d'accord avec moi, mais ce que tu fais là , est inacceptable !
Écoute, n'insiste pas. Je ne discute plus de ça avec toi pour le moment car tu cris et tu pleures et que par conséquent, ce n'est pas possible de parler ensemble, dès que tu le pourras on en reparlera.
Et si l'enfant n'arrive pas à se calmer par exemple parce que vous avez crié trop fort :
Je me suis énervée à cause de la bêtise que tu as faite car j'ai ...( eu peur, eu mal...), et j'en suis désolée, sache que même quand je te gronde, je t'aime et c'est parce que je t'aime que je ne te laisserais certainement pas faire ce genre de chose, car c'est tout simplement inacceptable pour tout le monde...
Enfin, quoi qu'il se soit passé entre vous, vous pouvez toujours revenir une fois, sur les événements après coup afin de mettre les éléments au clair si vous pensez qu'ils ne l'ont pas été. Vous pouvez aussi l'écouter sur ce qui a déclencher sa colère et la raison pour laquelle il n'a pas su l'arrêter.
Christelle Moreau
Psychothérapeute, psychanalyste
Formatrice en Management et communication
Intervenante à l'Université,
Maison de Santé 7 rue Alfred Mortier 06000 Nice
06 41 18 52 56
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