Alors, que signifie ce stade : dans « sadique anal » il y a : sadique et anal. Sadique, car c'est à cet âge que l'enfant présente ses premières manifestations de pulsions sadiques. Il lui arrive de détruire, casser, briser, arracher, voire déchiqueter, c'est la période des expériences/tentatives de sévices envers les animaux, les insectes... tout ceci est lié au stade et c'est aussi là que la présence des parents pour définir les justes limites est nécessaire...

Pour ce qui est du côté anal : Freud, parlait de l'enfant polymorphe. L'enfant, vers les deux, trois ans, jouit de tous sens. L'ouïe, le toucher...etc. Tout son corps n'est pas encore maîtrisé, mais il apprend avec plaisir ce que son propre corps peut lui apporter comme jouissance. La bouche est une zone érogène par excellence, l'anus est sans aucun doute la deuxième zone érogène qu'il apprendra à rencontrer, connaître et maîtriser. Le fait de retenir ses selles lui procure un plaisir intense : d'une part mécanique et d'autre part psychologique, puisque que c'est en retenant ses excréments que l'enfant apprend à gérer et contrôler un aspect que sa mère ne peut en aucun cas lui opposer/imposer.

Il y a donc opposition entre désir et contrôle d'une part et de l'autre : mécanismes de rétention et expulsion. C'est alors que s'instaure un échange, une monnaie d'échange. L'enfant, bien souvent manifeste une certaine agitation avant de parvenir à évacuer ses selles. Un autre plaisir que celui d'évacuer est aussi celui de les retenir. En se retenant, l'enfant domine et dispose enfin d'une partie de lui-même, puisque c'est ainsi qu'il conçoit ses selles. On reconnaît ici encore, une certaine approche de la compréhension déjà abordé avec son doudou de son dehors-dedans.

Ce contrôle, lié à la jouissance, lié au plaisir de comprendre son corps, de le contrôler, d'échanger avec la mère est à la fois contradictoire et en interaction directe avec tous ses désirs, il serait satisfaisant et pour la mère et pour l'enfant, qu'il soit interprété comme la première réelle opposition catégorique au désir de la mère : En d'autres termes, le premier NON ferme, le non d'opposition. La mère, bien souvent, ne saisit pas ce fonctionnement.

Dans ses yeux à lui :
Le caca devient donc une oeuvre, une création, une de ses premières, non seulement elle sort par magie de son corps, mais en plus, elle diffère et flotte dans l'eau...

L'incompréhension vient souvent lors du « tirage de chasse d'eau » ...
Voleriez vous une oeuvre à son artiste pour la jeter avec mépris ? Si vous peignez une toile et en êtes vraiment fière, aimeriez vous que lors de votre offrande à votre mère, elle la jette à la poubelle ? Vous seriez choqué, non ? Une pointe d'humour n'a jamais fait de mal à personne, mais il s'agit bel et bien POUR l'enfant de ses premiers chef-d'œuvres.
En effet, la reconnaissance de sa "création" l'aidera à être producteur. Le contraire peut être vécu comme une petite blessure du côté de narcisse... L'enfant peut aussi engendrer quelques craintes d'être dépossédé de son bien, ce qui entraînerait dans certain cas un manque de confiance envers « l'autre » dont vous faites partie aussi.

La plupart des mamans ne saisissent pas cette notion de création, donc de don, d'offrande, certaines incitent, poussent, motivent voire stimulent ou grondent l'enfant afin de parvenir à leurs désirs. Et quand vient l'heure du caca tant attendu, le jette sans même un regard dans le trou des toilettes avec parfois un certain mépris mêlé à du dégout.
Si vous êtes de celles qui sont TRES motivées et dont l'enfant "retient" , il n'est jamais trop tard pour accueillir et accompagner d'une autre façon. Et si la prochaine fois, vous l'observiez encore plus ? L'important n'est il pas que vous vous compreniez ? Votre enfant vous sera probablement très reconnaissant.
Il serait bon que chaque maman accompagne son enfant vers une nouvelle compréhension du dedans/dehors et des divers notions que NOUS connaissons en tant adulte : excréments = saletés inutiles à garder . Et si les mamans apprenaient aussi à contrôler leurs propres désirs ? En effet, chaque maman sait par exemple que lorsque l'enfant parviendra à aller correctement à la selle alors, il pourra être inscrit dans un processus d'autonomie liée aux institutions ( crèche, école... ). De plus, une tâche importante et non négligeable, ni agréable lui sera enlevée. Chaque enfant est différent dans son apprentissage, c'est pourquoi il est bon que chaque maman soit patiente et observatrice, voire très patiente pour les plus motivées .

Mais alors, comment reconnaître que bébé peut aller sur les toilettes ?
Si votre enfant monte les marches et les descend en alternant les pieds, s'il pratique du tricycle sans problème, s'il saute à pied joint, vous pouvez déjà l'inviter à faire dans les toilettes ou dans le pot dans un premier temps. L'inviter n'est pas l'obliger. Et si vous attendiez qu'il en est le désir ? Ne l'a t il pas déjà exprimé ? En avez vous déjà parlé ensemble ? En avez déjà parler avec son pédiatre ?

Une véritable guéguerre de pouvoir ...
La maman dans son désir profond de satisfaction immédiate ( pour que le petit se soulage donc pour son bien-être et pour que l'enfant grandisse ) et l'enfant, par opposition à la mère dans un désir de contrôle, de retenue "provoque" donc la rencontre. Car il s'agit bien là de rencontre. La rencontre entre une mère et ses désirs :

  • 1/ le désir que son enfant soit autonome,
  • 1/ le désir que son enfant se sente bien en se soulageant et en évacuant ce qu'elle sait être sâle, voire douloureux si trop longtemps retenu,
  • 2/ le désir de "contrôler"/"apprendre à" /transmettre la connaissance des sens et des apprentissages de son enfant. Puis, d'autre part,
  • 3/ le désir d'un enfant d'accéder à l'autonomie seul, mais avec une autre vision de la chose..., et (n'ayant pas l'autorisation inconsciente de sa mère)
  • 4/ la rencontre avec son propre contrôle de corps et la compréhension de ce que le ce contrôle peut engendrer comme pouvoir.

    Alors que pourrait-on dire penser de cet échange, de cette rencontre ?
Si la mère lâche un peu prise et n'espère plus assouvir son propre désir, c'est-à-dire obtenir immédiatement l'accession à l'autonomie de son enfant avant même qu'il en soit ni capable, ni même qu'il en ai éprouvé le désir alors, l'enfant ira plus facilement satisfaire son désir puisqu'il lui sera "propre"... c'est-à-dire offrir et répondre aux désirs de la mère, mais à son rythme et en lui offrant. Si cette offrande est alors prise en considération et accompagnée doucement vers une autre compréhension, alors, elle sera mieux vécue par l'enfant. Car en somme, que désire au plus profond de lui le tout jeune enfant : faire plaisir à sa maman et grandir tout en se faisant plaisir.

Y a t-il une méthode ?
Non, bien heureusement le bébé n'est pas livré avec un manuel...
Comme tout apprentissage, celui ci demande de la patience de la part des deux parties. Comme tout apprentissage, celui ci est constitué de diverses étapes qu'il est bon de ne pas brusquer, il nécessite de l'écoute, de l'observation, de la douceur et du partage. Pour ce dernier volet et pour lui faire comprendre en douceur qu'il est important pour lui qu'il défèque régulièrement et pour vous, qu'il le fasse proprement dans les toilettes, vous pouvez par exemple lui conter des histoires...

Quelle serait la petite histoire que l'on pourrait raconter à l'enfant ?
En voici une de mon cru qui peut aider à comprendre ( elle s'adresse au enfant à partir de 2 ans ):
Chaque jour chez soi, lorsqu'on consomme, mange, goûte, boit, se douche, on jette tout un tas de déchets.
Alors, on va mettre ses déchets à la poubelle. Plusieurs fois par semaine, les éboueurs viennent ramasser les poubelles que l'on a entassé devant chez soi. Qu'adviendrait-il, si l'on oubliait de jeter ses ordures ménagères ?

Cela ne sentirait pas bon chez nous !

Nous serions envahis de poubelles et nous ne pourrions plus, ni jouer, ni manger, ni dormir... C'est pourquoi il est important de ne pas oublier de déposer ses poubelles, donc de ne pas les garder à l'intérieur de notre maison.

Notre corps, est comme une maison. Notre caca est aussi un déchet qui ne sert à rien si ce n'est de nous débarrasser d'un morceau de saleté encombrant qui pèse dans notre ventre et qui peut nous rendre malade si on le garde trop longtemps. Notre caca est donc comme une poubelle que l'on doit jeter et ce, plusieurs fois par jour ( à chaque fois que l'on en a envie ) pour ne pas être envahi.
Le wc, c'est l'endroit où l'on peut déposer cette poubelle très sale qui sent en plus très mauvais.
La chasse d'eau est comme le camion poubelle autrement appelé la benne à ordure qui vient tout nettoyer.
Alors, si tu fais bien caca dans les wc, tu seras tout propre de l'intérieur et tu sentiras tout bon. Ton corps sera plus léger et tu pourras appuyer sur le bouton de la chasse d'eau afin de faire, toi aussi, comme le chef des éboueurs : disparaître les saletés.
A toi de jouer ! Et n'oublie pas de te laver les mains après toutes les opérations terminées. A vous d'inventer d'autres possibles en fonction des divers connaissances et apprentissages de votre enfant. Patience et courage à vous si vous vivez cet apprentissage comme une corvée.

NB : si votre enfant était propre diurne et nocturne et depuis peu se fait intempestivement sur lui ( pipi ou caca ) ne prenez pas ce signe à la légère et n'hésitez pas à consulter sans attendre. D'une façon générale, si vous sentez que votre enfant rencontre des difficultés ou vous confronte à des difficultés que vous pensez très difficiles à assumer ou à gérer pour vous, comme pour lui, n'hésitez pas à consulter son pédiatre ou un thérapeute. Si vous souhaitez prendre un rendez-vous, merci de m'appeler au 06 41 18 52 56, je consulte en cabinet à NICE CENTRE arrêt de tram MASSENA pour RDV. Christelle Moreau


Christelle Moreau
Psychothérapeute, psychanalyste
Formatrice en Management et communication
Intervenante à l'Université,
Maison de Santé 7 rue Alfred Mortier 06000 Nice
06 41 18 52 56