Les doudous, objets transitionnels indispensables ou non ?
Par Christelle Moreau, mardi 18 mars 2008
Lorsque l'on parle d'objet transitionnel, on ne peut qu'être obligé de penser à Winnicott qui pourtant l'appelait "le phénomène transitionnel".
Pourquoi phénomène ?
Par ce que plus qu'un objet, il constitue à lui seul un espace de construction momentané et illusoire, il est en réalité la " première possession non-moi ".
Lorsque cet objet investi par l'enfant est trimbalé trituré, dorloté, aimé, haïe, il est en quelques sortes le reflet de son évolution, le reflet de tout un espace de transition.
Alors à quoi sert il ?
Objet de sevrage, il sert un peu avant, pendant et beaucoup après celui ci...
Il permet à l'enfant de transférer ses sentiments, c'est pourquoi, les mamans recousent souvent les lambeaux de ces affreux jojos malodorants tout décousus de partout aussi bien malmené avec rage, que choyé avec douceur.
Il permet à l'enfant d'effectuer à travers lui son premier véritable choix à long terme, aussi bien sur son aspect que sur son petit nom ( qui sera lui aussi choisi bien souvent en rapport avec ses écoutes et ressentis).
Les parents qui respecteront le doudou permettront à l'enfant de gérer la première "chose" importante de sa vie ne faisant pas partie de lui-même. De plus, même si les parents ne voit qu'un bout de tissus tout sale, l'enfant, lui, ne le perçoit pas comme tel, il le voit en quelques sortes comme un bout de lui-même tout en ayant conscience que c'est un autre qui ne lui appartient pas.
Mais qu'advient il du doudou vénéré en grandissant ?
Il perd tout simplement cette valeur symbolique pour être soit relégué au fond du coffre à jouer, soit encadré au mur comme étant "la chose" représentant la toute petite enfance.
Mais alors, est ce pour combler une carence ou est ce nécessaire juste pour grandir ?
Je vais citer une phrase de Winnicott qui en dit long sur l'inévitable sevrage : " Autant la mère doit avoir pu illusionner son enfant sur sa capacité à créer le sein qui le satisfait, autant elle doit s’employer à le désillusionner, en ne s’adaptant qu’incomplètement aux besoins de l’enfant " …
Car qu'est ce qui fait transition dans l'objet ?
L'objet transitionnel n'est en quelque sorte qu'une représentation symbolique de la transition du tout petit enfant étant en totale communion d'avec sa mère à la séparation de cette union pour devenir uniquement relationnel et non vital (mère nourricière), il est non seulement nécessaire pour grandir mais ne comble pas de carences, si ce n’est que de la satisfaction au désir de l’enfant, en revanche il constitue à lui- seul un bouclier à toute forme d’angoisses de séparation et de manque d’affection.
Alors que peut il se passer, si il n'y pas d'autre objet transitionnel que la mère, elle-même ? Winnicott nous indique que pour qu’il y ait investissement d'objet transitionnel, il est primordial que l’enfant ait pu construire dans son "dedans" un objet interne et de surcroît, de bonne qualité.
Alors comment constituons nous nos objets internes bons ou mauvais ?
Ils dépendent des caractères et du comportement de l’objet externe. Lorsqu'il y a carence d'une fonction essentielle alors un objet interne sera en correspondance et cela par voie de conséquences soit persécuteur ou mort, dans ce cas, les possibilités de l'enfant d'investir un objet de son choix reste moindres voire difficiles, voire impossibles.
Que peut on faire pour l’enfant dans ce cas ?
Dans CE cas précis, il est vivement conseillé à la mère de consulter un analyste afin qu’elle puisse comprendre ce qui c’est joué pendant sa grossesse et pendant son allaitement. Prenez soin des doudous, ils ont leur importance.
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