ARGUMENT

L’inflation des discours sur les maltraitances, viols et abandons, la complexité des situations de mutations, de compositions et recompositions familiales, tels que les travaux de C. Miollan en témoignent de manière éclairante, ont permis de fédérer les axes de recherche de l’équipe niçoise autour d’un programme intitulé « Figures du traumatique dans le lien social ». Ce dernier inspire et oriente le programme de cette manifestation scientifique.

Il faut dire qu’à ce constat de délitement du lien social, se rajoutent les récentes vagues d’attentats dans le monde, les différentes catastrophes naturelles (tsunami), accidentelles (crash d’avions), ou humaines (réseaux pédophiles, guerres…), qui, toutes, nous incitent à questionner la problématique traumatique.

Celle-ci, après avoir été passée à la moulinette détersive du DSM IV, et des théories neuro-comportementalo-physiologiques (telle celle du stress post-traumatique), semble avoir reléguée les névroses de guerre et les non moins névroses traumatiques freudiennes, à l’obsolescence de ses approches psychopathologiques, et des dispositifs de prise en charge des traumatisés. L’idée de résilience s’affirme au détriment de la pulsion de mort, entraînant apparemment avec elle, le déclin du sujet de l’inconscient.

Ce constat réalisable dans le champ de la clinique du singulier, semble s’inscrire d’un point de vue analytique, en tant que défense, mise à distance d’un réel pulsionnel, qui, en tant qu’impossible à penser, à dire, à vivre, …confronte néanmoins chacun, sujet, intervenants et corps social dans son ensemble, à un reste indéfectible, et à des effets de retour traumatogène sur le parlêtre.

C’est pourquoi ces résistances au réel et à la vie pulsionnelle, sont également à l’œuvre dans la clinique du collectif. L’institution, « Cette curieuse machine sociale -qui- cherche à fonder son organisation sur un projet de transformation de l’individu par d’autres individus » (Ansermet, Sorrentino, 1991, 5), reste en proie, analytiquement parlant, à la lutte perpétuelle qu’elle livre au réel pulsionnel, au sexuel, à l’incidence du transfert, à l’ « hainamoration » des liens qu’elle génère.

Les réformes législatives, qui déterminent les pratiques cliniques, éducatives, rééducatives ou sociales qu’elles encadrent, et malgré les quelques avancées qu’elles instaurent, ont pour point commun d’écarter ce primitif sur lequel se fonde le travail institutionnel.

L’accueil des populations en détresse au sein de nos établissements, services, associations… du fait du mandat du social auprès de ces dernières, et des refontes de son environnement administratif et juridique, nous obligent à réévaluer les incidences de ces diverses expressions psychopathologiques auprès des professionnels qui y officient…

Quant à ces populations, elle se retrouvent souvent coincées par la désignation du signe-symptôme censée les identifier (Rmistes, toxicomanes, déficients, psychotiques…) annihilant toute nomination signifiante désaliénante.
Un tel processus nous révèle que ce malaise dans la culture du travail social, tend à s’inscrire dans un malaise de civilisation qui touche le corps social dans son ensemble, affectant la qualité du lien et de l’ordre symbolique qui sous-tend la vie psychique et collective.

Le clinicien lui-même ne peut pas ne pas être touché par le phénomène, dans ses modalités d’intervention, sa façon de penser le lien clinique à l’autre (déficient, toxicomane, Rmiste, chômeur, traumatisé..), et de prendre en charge la souffrance psychique, au sein des différents dispositifs de médiation, de prévention, de traitement... qu’il propose ou qu’il intègre dans sa mission, inévitablement sous-tendue par une commande, plus ou moins explicite, du social.

Il faut dire que la cruauté du réel, dans sa manifestation effractive se trouve au fondement de la praxis psychanalytique. A l’instar du transfert qui s’institue en moteur et en résistance à la cure, elle lui donne son point d’origine comme son point de butée. C’est donc bien à partir du réel, en tant que ses effets se diront dans un espace psychique borné par un commencement mythique et une finitude logique, que peut s’élaborer une pratique clinique d’inspiration analytique. Dès lors, cette démarche clinique, épistémologique, conceptuelle… concerne le psychanalyste mais aussi le psychologue clinicien qui s’y réfère, tant la dimension du réel, cet impensable, hors de toute représentation, de toute humanité langagière, s’impose brutalement au quotidien de la pratique, sur un mode effractif et traumatique, au sujet lui-même, aux professionnels qui côtoient quotidiennement ces diverses populations, comme au corps social dans son ensemble.

Ces trois journées réuniront praticiens confirmés, chercheurs, et jeunes chercheurs , qui pourront certes estimer leur praxis, mais également rendre compte de l’inventivité des dispositifs, de la créativité dans leur heuristique, et de l’originalité des axes de recherche empruntés. Elles auront pour dénominateur commun leur inscription dans cette clinique du réel, telle que le sujet freudien nous le révèle dans la rencontre, confrontant le clinicien à son trauma et au tragique de la condition humaine : implication dans l’éprouvé, enseignement par l’épreuve, plutôt qu’application de savoirs et d’expériences cliniques, telle que la référence au pathei mathos d’Eschyle, dont P. Fédida (1971) fera la « tradition tragique du psychopathologique », nous l’enseigne, cruellement, au fil de nos pratiques.

PROGRAMME

VENDREDI 23 NOVEMBRE
Matinée : séance plénière
9h Ouverture
Mr le Pr. A. MAROUANI, Président de l’université de Nice Sophia Antipolis, Président : M. MARTI, Discutant : J.F. GOMEZ
9 H 30 - PR. C. MIOLLAN (U.N.S.A): « Sujet, démocratie, politique et trauma »
Discussion
Pause
10 H 30 - J. CABASSUT (MCF/H.D.R - U.N.S.A) : « Le réel et ses arabesques : A-bords du trauma »
Discussion
11 H 30 - M. BENAÏM (MCF/HDR): « Entre lien déshumain et lien asocial, une psychopathologie de la solitude »
Discussion
12 H 30 Déjeuner libre
Après midi : séance plénière
Président : A. DACHMI, Discutant : A. JURANVILLE
14 H -V. DUFOUR (MCF), A. THÉVENOT (MCF/HDR) : « La recomposition sociale n’est pas une réalité psychique ?...»
Discussion
14 H 45 - D. SCOTTO (MCF - U.N.S.A ) : « Honte et trauma »
Discussion
15 H 45 Pause
16 H 00 - M. ASSABGUI (Psychanalyste - Montpellier) : « l’oubli de la langue, fait-il trauma? »
Discussion
16 H 45 - J-Y. BOURSIER (Pr. d’Ethnologie, UNSA) : « Guerre, traumatisme et récit »
Discussion
SAMEDI 24 NOVEMBRE
Matinée : Séance plénière
Président : J. BENNANI, Discutant : J. ROUZEL
9 H - M. SCHNEIDER (Psychanalyste - Paris) : « L’abus du sexuel et la question de la croyance »
Discussion
Pr S. LESOURD (Université de Strasbourg) : « Une société de la honte : quand le sexuel ne fait plus traumatisme »
Discussion
Pause
J-R. FREYMANN (Psychanalyste - Strasbourg) ET R. MEYER (Psychanalyste - Nice) : “ Peut-on batîr une clinique de la déshumanisation?“
Discussion
Après midi: séance plénière
Président : J-R FREYMANN, Discutant : J-M VIVÈS, PR R. GORI (Université d’Aix Marseille): « Les exclus de l’intime »
Discussion
H. ABDELHAOUAHED (MCF/Paris VII) : « Le morceau de sucre »
Discussion
Pause
J. ROUZEL (Psychanalyste - Montpellier) : « Traumadeutung »
Discussion
DIMANCHE 25 NOVEMBRE
Matinée
Président : C. MIOLLAN, Discutant : M. HAM
PR F. BENSLAMA (Université Paris VII) : « Ecotechnie et traumatisme »
Discussion
PR M-J. SAURET (Université de Toulouse) : « Une mutation traumatique du lien social ? »
Discussion
Pause
J. BENNANI (Psychanalyste - Rabat - Maroc): « Les nouvelles identités, une réaction au traumatisme ? »
Discussion
Pause déjeuner
Après midi : séance plénière
PRATICIENS ET JEUNES CHERCHEURS DU LABORATOIRE DE PSYCHOLOGIE CLINIQUE ET PSYCHANALYSE ( AIX MARSEILLE I /U.N.S.A) : « FIGURES DU TRAUMATIQUE DANS LE LIEN SOCIAL »
Président : T. BISSON, Discutant : J. CABASSUT, M. GALICHET (Psychologue clinicienne, AEMO, Cannes): « Travail clinique et travail social au quotidien »
E. BRAYER : « Le trauma face au réel du lien social »
F. VINOT : « D’une dimension vociférante du transfert ? »
V. JACOB SUBRENAT : « Le sujet de la honte un « citoyen symptôme »
Discussion
Pause
L. RAUFAST : « Sensualité et trauma »
J. LÉON : « Trauma, corps et champ de la lettre »
J. CHOUKROUNE : « Du trauma du sujet à l’impossible du ravage »
A. OLIVERO- ALVAREZ : « Le traumatisme hystérique ou la tragédie du réel féminin »
Discussion

Clôture des journées : C. MIOLLAN et J. CABASSUT

HEBERGEMENT

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TRANSPORT

Avion :Aéroport de Nice (+ navette)
Train (SNCF) : Nice à 5h de Paris par TGV
Voiture : par Autoroute A 8 (en provenance de Marseille, Lyon) sortie 50, promenade des Anglais, direction Nice Est ( sortie Acropolis)