Arreter de fumer : Tabac et TCC
Par Lydia Fernandez, lundi 25 juin 2007
On considère qu’il y a actuellement en France environ 60 000 personnes qui meurent prématurément à cause de leur tabagisme. Le tabagisme est reconnu comme la première cause de mortalité qui puisse être prévenue. L’arrêt du tabac permet une réduction substantielle de l’excès de risque pour les pathologies cardiovasculaires et les cancers. Bien que la population soit largement informée des risques encourus en poursuivant le tabagisme, moins de 5% des tentatives d’arrêt sans soutien médical aboutissent à une abstinence d’une année (1). Le tabagisme est reconnu comme étant une addiction, c’est à dire un comportement qui permet à la fois l’éprouvé d’un plaisir et le soulagement d’une tension interne, comportement qui est répété, malgré les efforts du sujet pour en réduire la fréquence, et malgré ses conséquences négatives. Comme pour les autres addictions (alcool, drogues, médicaments...), le traitement est composé d’éléments psychologiques, pharmacologiques et sociaux. Il vise essentiellement à renforcer la motivation au changement, à susciter la décision d’arrêt, à aider le sevrage et à prévenir la rechute, et, si rechute, à encourager le patient à persévérer dans sa démarche.
Les techniques actuelles de thérapie cognitivo-comportementale appliquées au tabagisme ont essentiellement pour objectif l’apprentissage de stratégies permettant de faire face aux situations à haut risque, aux envies de fumer, éventuellement à un faux pas. La connaissance, puis la maîtrise de ces stratégies ont pour effet d’augmenter la confiance que le sujet a dans ses capacités à atteindre son objectif.
Le style relationnel adopté par les thérapeutes cognitivo-comportementaux est très éloigné du style médecin-malade classique, volontiers autoritaire ou condescendant. On parle d’alliance thérapeutique, de recherche en commun de stratégies adaptées au cas particulier du patient, qui lui permettront d’augmenter ses chances de réussite. Ainsi, le thérapeute cognitivo-comportementaliste s’efforce de toujours mettre en avant les aspects positifs du comportement du patient, en insistant sur les progrès, pour ensuite aborder, non pas ce qui est négatif, mais ce qui pourrait être amélioré.
Selon le groupe de travail sur la dépendance nicotinique de l’American Psychiatry Association (2), les thérapies cognitivo-comportementales multiplient en général par deux le taux d’abstinence tabagique six mois après l’arrêt, par rapport aux groupes contrôle (1,3).
Le programme de thérapie cognitivo-comportementale que nous décrivons dans cet article s’inspire largement de plusieurs sources (4-10).
EVALUATION DU FUMEUR
Facteurs physiologiques. Après avoir décrit le comportement par le nombre de cigarettes par jour, il est nécessaire d’évaluer l’importance de la dépendance physiologique : recherche de l’apparition de symptômes de sevrage (tableau I) après privation de tabac, test de dépendance nicotinique de Fagerström (tableau II).
Facteurs psychologiques. Motivation à l’arrêt, croyances et cognitions liées au tabac, efficacité personnelle (la confiance du sujet en sa capacité à contrôler son comportement), capacités d’auto-contrôle, facteurs déclenchant le comportement tabagique, cigarettes les plus et les moins importantes, support social, comorbidité psychiatrique et addictive.
Il est très utile de porter une attention particulière aux précédentes tentatives d’arrêt du tabac : quels sont les éléments qui ont aidé, et quelles ont été les difficultés rencontrées ? Dans quelles circonstances se sont produites les reprises du tabagisme et quelles cognitions ont précipité la rechute ?
Enfin, il est souvent utile de demander un relevé d’auto-observation sur quelques jours, indiquant pour chaque cigarette, l’horaire, et le événements liés, qui peuvent être d’ordre émotionnel et environnemental. LES SITUATIONS A HAUT RISQUE
Après l’arrêt du tabac, le risque d’être confronté à une envie de fumer ou d’être amené à prendre une cigarette n’est pas constant : il y a des périodes à faible risque (par exemple au cours d’une activité physique) et des situations à plus haut risque. Ces situations à haut risque peuvent être liées à l’environnement : repas, alcool, fumeur, fêtes. Elles peuvent également être liées à des émotions négatives : colère, tristesse, ennui... Enfin, elles peuvent être liées à des situations moins habituelles, spécifiques à l’individu, chez qui un véritable conditionnement se sera constitué au fil de la carrière de fumeur, entre un stimulus et le comportement de fumer. Ainsi, les situations déclenchantes les plus fréquemment rencontrées sont la consommation de café, les coups de téléphone, l’installation dans sa voiture, certaines routines au travail ou à la maison, la sortie du chien… Restez vigilant !
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