D'autre part, la compensation est en elle-même une « réaction » de cause à effets en son contraire, un palliatif en quelques sortes. Par exemple : un sur-développement intellectuel, en contraste à un sous-développement physique ou inversement.

Le déni d'un sentiment d'infériorité peut transformer une difficulté à entreprendre en un problème de complexe d'infériorité des névroses. Une compensation réussie peut donner lieu à des réussites éclatantes et la surcompensation à une personnalité agressive, asociale, égocentrique ou mythomane.

Adler pense aussi d'ailleurs que le besoin de dominer mène souvent les humains à mener leur vie différemment de ce qu'il le veulent véritablement. Le besoin sous-jacens étant plus fort que l'habitude. Ainsi il aime à démontrer les "Don Juan" féminins, dont le comportement trahit l'intention de dominer et d'humilier l'homme. Il a décrit sous le nom de "protestation virile" l'attitude de certaines femmes - "garçons manqués", "femmes phalliques", etc. - qui peut conduire aisément à la frigidité ou à l'homosexualité. Il croit que le besoin de dominer, trouvant aussi l'occasion de s'exercer à l'aide de la compassion et du dévouement, pousse des femmes à aimer un être faible ou infirme. Il pense aussi que l'infériorité ressentie à cette époque de la vie puisse jouer un grand rôle dans les névroses si fréquentes à la puberté ou la ménopause.

Les différentes troubles de perception de l'infériorité sont dûs soit à une cause réelle, biologique ou fonctionnelle, héréditaire, accidentelle ou congénitale, ou encore simplement conventionnelle : enfant roux ou porteur de lunettes ou comportant n'importe quelle différence avec les " autres ". Les enfants entre eux sont sans douceur et savent atteindre là où la différence blesse. L'infériorité peut aussi venir de l'éducation : parents vaniteux ou tyrannique, ou comparant leur enfant avec un autre plus doué. L'échelle sociale peut, elle aussi, jouer son rôle dans une frustration au quotidien et bien-sur une situation particulièrement grave lorsqu'il s'agit d'orphelins abandonnés ou élevés par l'Assistance publique. La venue du petit dernier, qui capte un intérêt dont l'enfant bénéficiait seul jusqu'alors. Inversement, un cadet pourra se sentir également écrasé par ses frères ou soeurs plus âgés. Le sentiment d'infériorité est souvent associé au sentiment de culpabilité. Tout un panel de causes à effet à approfondir.

Les conséquences de ces causes amènent à deux possibilités soit à une timidité paralysante et une résignation excessive, ou par de la parodie, de la mythomanie ou de l'esbroufe. C'est la surcompensation qui sans aucun doute mène aux balancements entre "l'auto-misérabilisme" et "l'auto-glorification", et cela en dents de scie constantes pourrissant l'existence car toujours proche du précipice.

le névrosé est, aux yeux d'Adler, celui qui mobilise exagérément ses forces psychiques pour réagir à un sentiment d'infériorité et cela dans un sens orienté, le plus souvent, vers un but fictif de puissance et de supériorité et le cas échéant, souvent non abouti. Il considère que le besoin de compenser un sentiment d'infériorité est, chez les nerveux, à la racine même de la volonté et de la pensée. Adler a bien vu qu'une extrême susceptibilité est toujours le signe révélateur d'un sentiment d'infériorité, en ce qu'elle surgit chaque fois que la personne a le vague sentiment qu'on a mis le doigt sur le défaut de sa cuirasse.( Les manifestations psychiques les plus évidentes sont provoquées par un manque d'estime de soi et entraîne un manque de confiance en soi .

Le manque d'humour est une manifestation comportementale aussi évidente, car le sujet se sent attaqué par la moindre plaisanterie et la plus gentille moquerie, par contre, le névrosé ne manquera pas d'émettre de l'humour et en être extrêmement fière. Dans le meilleur des cas, la compensation est positive, voire triomphante. C'est celui de l'individu qui, ayant affronté résolument son sentiment d'infériorité, l'a surmonté au point que le résultat est finalement supérieur à celui qu'il aurait obtenu si, mieux pourvu au départ, il s'était trop reposé sur un oreiller de paresse. Seulement, l'obsession mène obligatoirement à une fatigue mentale et physique latente dû au stress et à la peur d'échouer. Elle peut par excès, mener à des violences et maltraitance vis-à-vis du sujet en souffrance : anorexie, insomnie, trouble de la personnalité. Bien-sur, ce ne sont là que d'infimes exemples parmi les indénombrables autres cachés.

Adler nous a, de surcroît, livré une théorie essentielle sur "la personnalité totale" qu'il a mis en valeur en montrant l'existence d'une finalité névrotique, les forces du "moi" et leur besoin d'expansion. La médecine dite psychosomatique reprend aujourd'hui les fondements de la réflexion adlériennes et admet que presque tous les troubles sont l'expression symbolique d'une certaine visée "téléologique", que l'on pourrait aussi plus communément appeler "l'autodétermination". Adler, dans certaine de ses théories, aura même osé, demander de remplacer le "refoulement", ( fondement de l'inconscient freudien ) par des "tendances défensives du moi", autrement appelés surcompensation. Christelle Moreau
Psychothérapeute, psychanalyste
Formatrice en Management et communication
Intervenante à l'Université,
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