mugoftea — 31-10-2012 07:22

Bonjour,
En septembre dernier, j'ai arrêté brutalement la psychothérapie que je suivais depuis 4 ans,  d'une part parce que la fin de chaque séance hebdomadaire et à fortiori l'interruption des vacances étaient trop difficiles à supporter, d'autre part parce que le psychothérapeute m'engageait à commencer une analyse qu'il ne voulait pas suivre (à cause de mes actes d'automutilation et de violence, qu'il n'arrivait pas à endiguer).
J'avais beaucoup investi ce travail, espérant qu'il me permettrait de mettre un terme à cette violence et d'arrêter les médocs que je prends depuis 13 ans.
Aujourd'hui, je me sens abandonnée, rejetée, je me sens déprimée, , je dors mal, j'ai arrêté mon traitement médoc., j'ai arrêté toute activité extérieure (hormis mon travail à mi-temps), je fuis les contacts...
Je ne trouve pas d'aide auprès du psychiatre qui estime qu'une psychothérapie ou une analyse ne sont pas faites pour aller mieux, mais juste pour discuter.
Je voudrais faire le point sur ce travail de 4 ans qui me laisse un sentiment d'échec total et sur l'utilité d'entreprendre une analyse, avec la peur d'un nouvel échec.
merci de votre aide
mugoftea

Christelle Moreau — 02-11-2012 16:10

Bonjour,
En septembre dernier, j'ai arrêté brutalement la psychothérapie que je suivais depuis 4 ans,  d'une part parce que la fin de chaque séance hebdomadaire et à fortiori l'interruption des vacances étaient trop difficiles à supporter,
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Cher Monsieur,

Il semblerait que vous ayez rencontré vos propres résistances.

Le premier à présenter le concept de la résistance a été Freud,
"la résistance massive qu'opposait certains patients lui paraissait être légitime et ne pouvait être ni surmontée , ni interprétée, ce que la méthode psychanalytique rend au contraire possible dans la mesure où elle permet la mise à jour progressive des résistances qui se traduiront notamment dans les différentes manières dont le patient enfreint la règle fondamentale...
C'est comme un obstacle à l'élucidation des symptômes et à la progression de la cure." Nous livrent J.Laplanche et J-B Pontalis.

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d'autre part parce que le psychothérapeute m'engageait à commencer une analyse qu'il ne voulait pas suivre (à cause de mes actes d'automutilation et de violence, qu'il n'arrivait pas à endiguer).
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Votre thérapeute a donc complétement raison de vous aiguiller dans ce sens.
Quel type de thérapie poursuiviez vous ensemble ? Peut-être n'est il pas lui même psychanalyste.
Pour information, il est parfois possible de poursuivre plusieurs thérapies ensemble et un traitement n'est pas non plus incompatible avec une analyse.
Vous semblez vous être persuadé de l'impossibilité de ces possibles.
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J'avais beaucoup investi ce travail, espérant qu'il me permettrait de mettre un terme à cette violence et d'arrêter les médocs que je prends depuis 13 ans.
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Je comprends et c'est une des raisons pour lesquelles je vous invite à reprendre rendez-vous avec votre thérapeute afin de lui faire part de vos espérance, de vos craintes, de vos résistances et des nouvelles possibilités qui s'offrent à vous afin de ne plus vous sentir : "abandonnée, rejetée, je me sens déprimée",

Vous semblez ne plus vous autoriser à permettre "je" : "de mettre un terme à cette violence". Je suis certaine que vous n'avez pas renoncé, car vous me sollicitez en ce jour. Vous cherchez juste à comprendre. Allez plus loin, continuez vous êtes sur la bonne voie.
Vous écrivez :
"je dors mal, j'ai arrêté mon traitement médoc."
Là aussi vous exercez sur vous les phénomènes clinique de la résistance. Vous allez à l'encontre de votre traitement afin de ne plus vous aider, le sommeil étant lui aussi une réparation et une rencontre avec soi même vous vous l'interdisez... Quant à vos contacts ils pourraient vous permettre de vous distraire de votre douleur "utile".

Peut-être pourriez vous vous interroger sur le rôle que joue votre violence et le celle que joue votre souffrance en vous ?
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Je ne trouve pas d'aide auprès du psychiatre qui estime qu'une psychothérapie ou une analyse ne sont pas faites pour aller mieux, mais juste pour discuter.
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Votre psychiatre n'a pas tort, mais n'a pas complétement raison.
Il n'a pas tort dans le sens où la psychanalyse n'est pas établi pour obtenir une guérison, car elle ne soigne pas la maladie. Elle permet par voie de conséquences le dénouement des ses propres mécanismes . Encore par voie de conséquences, elle exprime et résolve des problématiques enfouies, refoulées ou encore très visibles dans le quotidien.

Mais en aucun cas, le psychanalyste attend la rédemption de son patient. Et il est important que le patient n'attende pas non plus que le psychanalyste le soigne, mais l'accompagne vers sa structure afin qu'il la confronte et si besoin en résolve les problématiques.

Il n'y a donc pas d'échec à une cure analytique à partir de l'instant où le transfert opère. Reste donc à trouver le bon psy avec lequel vous aurez envie de tout dire, c'est à dire TOUT.
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Je suis convaincue qu'il n'y a pas d'échec non plus dans votre travail au préalable. Juste ce que l'on pourrait nommé un Verwerfung ( rejet ) qui pourrait être induit par une forclusion par exemple.
Je vous invite à reprendre contact avec votre premier thérapeute afin de faire le point et de comprendre vos possibles et de vous tourner vers un psychiatre -psychanalyste afin qu'il puisse et gérer et comprendre au mieux votre traitement ainsi que ses potentiels effets à long terme et vous autoriser à faire parler votre JE, qui semble crier très fort afin que vous le remarquiez.
Bonne continuation.

mugoftea — 12-11-2012 21:07

Tout d'abord merci de votre réponse.
C'est étonnant que votre lettre commence par "cher Monsieur", alors que je suis une femme.
"je vous invite à reprendre rendez-vous avec votre thérapeute"
Quant à recontacter le psychothérapeute - psychanalyste avec qui j'ai travaillé pendant 4 ans (psychothérapie en face à face - mais je ne saurais vous en dire plus sur le type de travail), la rupture a été brutale et mon impression, mon ressenti est que le psychothérapeute ne souhaite plus avoir de contacts avec moi. Je n'ose donc pas le rappeler, lui demander une aide quelconque, ou même de m'indiquer l'adresse d'un confrère.
Et même si je peux ressentir effectivement le souhait voir éventuellement le besoin de faire une analyse, mes ressources financières actuelles ne me le permettent pas. Je me trouve donc dans une impasse et en conséquence démotivée et déprimée.
cordialement.
mugoftea

Christelle Moreau — 15-11-2012 09:59

Bonjour,

Vous parlez de ressentis concernant votre ancien thérapeute, en quoi cela vous dérangerait  de vous autoriser à le recontacter ?

Parfois les à priori, les ressentis, les doutes exprimés sont des craintes qu'il est nécessaire d'éclaircir.
Et si vous lui parliez de ces ressentis même si cela vous est difficile ?

nb : Je ne saurais vous exprimer la raison pour laquelle j'ai intitulé ma lettre "Monsieur", le plus étonnant  est que j'avais parfaitement saisi, car il n'y a aucune équivoque dans votre écrit, que vous étiez une dame...

Concernant vos difficultés financières actuelles , cela aussi vous pouvez l'exprimer sur un divan et le thérapeute fera en fonction.