tortle — 13-04-2012 13:08

Bonjour,

lorsque j'étais enfant (probablement vers 9 ans mais mes souvenirs sont un peu flous sur la date, ce qui fait que je n'en suis plus très sûre), j'ai subi des attouchements par un adulte. Il était handicapé (rien de visible, mais c'était ses facultés intellectuelles: tout le monde le disait "retardé", ce qui impliquait "qu'on soit gentil avec lui").
C est arrivé un après-midi où je me suis retrouvée seule avec lui; je me souviens de la peur, de la souffrance, du dégoût de moi une fois ça terminé. Je n'ai rien dit car je me sentais coupable, du fait qu'il soit handicapé et pas moi. J'avais l'impression que c'était de ma faute pour ne pas lui avoir dit non.
J ai d'abord essayé d'oublier et de continuer une vie normale: ça fonctionnait au début mais au collège cela m'a vite rattrapé. Excellente élève, pour les profs j'étais simplement timide et ça n'était pas grave étant donné mes résultats (toujours 1ère). J'avais quelques amis et tout allait bien jusqu'à ce qu'ils commencent à se poser les questions des premiers émois. Je ne savais quelle attitude adopter pour avoir l'air "normale": c'est dans cette période là que les problèmes ont commencé. (impossibilité d'avoir de copains car dégoût de la relation physique et de tous les mots qui y réfèrent d'ailleurs ainsi que mensonges à répétition aux amis à qui je parlais de petits copains imaginaires pour ne pas éveiller les soupçons).

La période lycée a été plus difficile: trop introvertie, je n'arrivais plus à masquer ma timidité, mon malaise: un prof de maths me rappelait cet homme qui m'avait fait du mal par sa sévérité.  J en avais tellement peur qu'aller dans ses cours était devenu un cauchemar: si bien que mes résultats ont chuté pour arriver à 5 dans la matiere en section scientifique. Difficile contraste alors qu'on voulait me faire sauter la 4eme quelques années auparavant.
L année de terminale a été une bénédiction pour moi cependant: un prof (homme) me prenant sous son aile. J ai essayé de rejeter son aide pour qu'il ne devine jamais ce qu'il m était arrivé. Il a commencé à me donner des cours particuliers dans une matière puis m'a dit que je pouvais me confier à lui (ma réaction a été de penser que c'était un royal crétin pour s'imaginer que je lui livrerais quelquechose). Pourtant, en plein bac, les cauchemars et insomnies m'attaquant de plein fouet, j'ai finit par l'appeler un soir tres tard pour me rassurer. Je voulais absolument décrocher le bac et savais que ces cauchemards allaient ruiner ma semaine d'examen. Je ne lui ai rien dit sur mon passé, mais il a deviné; j'ai essayé de nier sans grand succes.
Depuis le bac, je suis restée en contact avec lui et le compte parmi mes meilleurs amis. Il m a aidé à m'en sortit, à sourire à la vie et à surtout arreter de me sentir coupable, en me montrant que l'homme pouvait etre un manipulateur.
Si parfois j'ai encore mal en repensant à tout ça, je vais beaucoup mieux maintenant. Je me sens prête à affronter la vie et j'aime mes petits problemes qui se rapprochent tant de ceux qu ont les jeunes de mon âge (j'ai 22 ans).
Je me sens même prête à accepter d'avoir un copain. Pourtant, cela me fait peur car je crains d'avoir des réactions anormales lors des rapports. Je precise que j'ai parfois ce sentiment d'etre un poids (le secret) pour l ami auquel je me sens confier et ne veux pas imposer ça au copain que j'aurai.
Comment faire pour affronter mes peurs? Pour accepter d avoir une relation physique sans creer de mal etre chez la personne aimée?

Merci.

tortle — 14-04-2012 20:12

Quelqu'un pour m'éclairer svp?
Est-ce normal d'avoir cette peur panique concernant les rapports physiques? J ai la conviction que je me comporterai de façon anormale lors des rapports: probablement en refusant l'acte au dernier moment (alors que j'aimerais vraiment savoir comment c'est lorsque c'est fait avec amour et sans violence).
J'ai pris la décision de ne pas en parler aux gens avec qui je partagerai ma vie. Je considère que c'est mon passé, et je l'ai accepté donc inutile d'être vue comme quelqu'un de "fragile" dans les yeux de l'autre.
Comment dépasser cette peur de l'acte (je ne supporte pas tous les mots qui s'y rapportent)?
Ce qui m'effraie le plus c'est de devenir un poids pour la personne que j'aimerai- le faire culpabiliser/l'inquiéter pour des choses dont il ne pourra rien de toute manière.

Christelle Moreau — 04-10-2012 23:49

Bonjour,

Votre pseudo est bien choisi, car il s'agit bien de cela :
Vous semblez vous forger une carapace afin de protéger les autres de votre douleur comme si elle pouvait être communicative, envahissante, lourde, presque étouffante pour l'autre comme pour vous, empêchant même de le couple de s'épanouir.

Il serait bon que vous vous fassiez aider à parler, à entendre, à vivre vos craintes, vos désirs, vos doutes, afin de vivre votre amour comme il se doit d'être vécu à votre âge avant que la carapace soit si lourde et si fermée qu'elle sera très difficile et à porter et à libérer la jeune femme qui ne demande qu'à grandir pour en sortir.

Faites vous aider sans plus tarder.