Christelle Moreau — 10-05-2011 10:58

Congrès de Venise

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3-4 juin 2011

Auditorium di Santa Margherita

Venise et le rêve

« Venise vous enivre » écrit Sigmund Freud à Martha après l'un de ses premiers séjours dans cette ville qui constitue la voie obligée de son passage vers le sud. Il y fera de nombreuses haltes et Venise lui fera penser à un « punch au Léthé ». La ville surgie de la lagune aurait ce pouvoir, que le mythe prête au fleuve de l'enfer, de faire oublier son passé à celui qui y goûte. Alors si séjourner à Venise fait oublier les souffrances et les tracas du quotidien au voyageur viennois, elle est comme le rêve : gardienne de l'oubli de la réalité. Venise est un songe enivrant. Comme dans l'ivresse, l'espace et le temps sont distendus, les lignes de fuite se perdent dans l'horizon liquide, le temps des doges est là, immobile, permanent. Y séjourner c'est donc perdre ses repères, oublier son passé pour accéder autemps du rêve. Et ce n'est pas un hasard si les arts ont fleuri en ce lieu d'ivresse, si les fresques de Tiepolo, de Carpaccio, les paysages de Canaletto, de Guardi ravis! sent le rêveur au son des voix célestes de Vivaldi. Pas une surprise non plus que la fête et la mascarade y aient élu, comme dans les rêves, leur demeure la plus raffinée. Car Venise invite à la déraison, comme le rêve autorise la folie qui gît en chacun de nous. Tel serait le programme de ce colloque déraisonnable à souhait : revisiter les conditions même de la création artistique sous l'emprise d'une ivresse freudienne !