ephema — 21-03-2011 03:31

Bonjour à toutes et à tous.

Mon compagnon (futur mari) a perdu son père lundi dernier de façon violente puisque celui-ci s'est suicidé par pendaison.

Nous l'avons appris alors que nous étions en vacances, j'ai pris son absence de réaction comme le déni (traditionnel dans les deuils). De lundi à jeudi, il n'en a pas parlé, il a appelé sa mère deux ou trois fois pour prendre de ses nouvelles, mais toujours aucune émotion.

Vendredi, nous sommes allés aux obséques. Il est allé voir son père une dernière fois et alors que sa mère, ses frères et soeurs pleuraient, lui n'a rien montré. En nous rendant au crématorium, je lui ai demandé ce qu'il ressentait, "rien" m'a-t-il répondu. Au crématorium, à nouveau, aucune émotion. Et lorsque le maître de cérémonie a annoncé le départ du cercueil, sa maman, ses frères et soeurs se sont réunis autour du cercueil pour lui dire au revoir et ont pleuré. Mon compagnon, lui, est resté assis à côté de moi sans mot dire, sans rien exprimer.

Mon compagnon a quitté sa région natale (et sa famille) depuis 10 ans et n'allait les voir que rarement. Sa famille, elle, ne donnant que très peu de nouvelles.
Donc, il m'a dit n'avoir que peu de liens affectifs avec sa famille mais je m'inquiète de voir l'absence totale de réaction.

Il me dit ne rien ressentir du tout, ni colère, ni tristesse, ni même soulagement ou autre sensation.

De ce que je connais de l'histoire des parents de mon compagnon, son père était quelqu'un qui souffrait mentalement (comment aurait-il pu en être autrement pour souhaiter en finir avec la vie de cette façon si violente !), souffrance venant (d'après la maman) de ce que ce père n'avait pas connu son propre père et avait été élevé par un autre. Il avait bien retrouvé la trace de ce père biologique, qui ne voulait pas le rencontrer. Il avait aussi retrouvé un demi-frère qui est mort par la suite.

Par ailleurs, j'ai entendu la maman de mon compagnon reprocher à son mari de n'avoir jamais tenu compte de l'avis des enfants, de ne jamais s'être préoccupé des enfants et ce monsieur de répliquer que ce n'était pas sa faute puisque lui-même n'avait pas eu de père. Cette femme que j'ai entendu se plaindre de son mari, qu'elle n'aurait jamais dû se marier avec lui, qu'elle avait raté sa vie à cause de lui. Je l'ai même entendu dire que s'il n'y avait pas eu les enfants, elle aurait divorcé depuis bien longtemps (ce qu'elle ne pouvait plus faire puisque vivant dans un village perdu, sans permis de conduire et sans jamais avoir travaillé de sa vie).
J'ai même vu des photos de leur mariage où elle avait découpé sa tête pour ne plus le voir !

Donc voilà un petit peu l'histoire...

Les 3 jours qui ont précédé le suicide, le père de mon compagnon a quasiment cessé de parler... Sauf la veille au soir, pour dire qu'il allait entreprendre des travaux dans leur maison le lendemain, sauf que le lendemain en question, il s'est pendu.

Mon compagnon, depuis vendredi jour des obsèques, n'a rien exprimé, c'est comme s'il avait mis une chappe sur cet évènement. Quand je lui en parle, il répond qu'il n'a rien à en dire que c'est comme ça.

De mon côté, nous sommes une famille unie et soudée, nous faisons bloc dans les moments difficiles donc vous comprenez, je pense, qu'il m'est difficile de comprendre les relations familiales de mon compagnon, pourtant je fais de mon mieux.
Mais là, je ne sais pas quoi faire car j'aurais peur de mal faire ! Je m'inquiète pour lui mais ne lui dis pas...

Que pensez-vous de tout cela ?

Par avance merci, ne serait-ce que d'avoir pris le temps de me lire.

Christelle Moreau — 21-11-2011 10:19

Bonjour,

votre compagnon ne souhaite pas vous en parler et c'est son choix.
Il n'est pas obligé d’extérioriser, ni avec vous , ni avec quelqu'un d'autre que vous.
Devant la mort , nos réactions sont toutes singulièrement différentes car elles nous appartiennent et appartiennent également à notre histoire. Leur gestions en découle.
Vous ne pouvez donc transposer vos désirs réactionnels aux siennes.
Laissez le faire le deuil "seul avec lui même et son histoire" même si cela vous semble difficile car vous vous auriez besoin d'en parler.
Il n'est pas vous.