sandra M — 23-10-2010 15:33

Bonjour,

je vous écris car, il y a deux mois, presque jour pour jour, ma grande soeur atteinte de schizophrénie à mis fin à ses jours après avoir fugué du centre psychiatrique censé prendre soin d'elle. D'une fratrie de cinq nous sommes passés à 4 âmes soudées, mais désespérées. Suite à ce drame, divers sentiments m'ont traversé : le choc, la colère (surtout contre les institutions et les hôpitaux), le positivisme, la culpabilité...
Je ne saurai décrire l'état dans lequel je me trouve aujourd'hui. Je me sens terriblement vide, l'esprit de ma soeur me hante, mes seules émotions se manifestent lorsque je pense à elle: des souvenirs de notre enfance, sa maladie, son geste, la façon dont on l'a appris.
Je ressens une colère et une indifférence face tout ce qui m'entoure sans commune mesure. Ce qui ne me ressemble absolument pas d'habitude, étant de nature sensible et altruiste.
J'en veux aux gens qui sont au courant de ne pas savoir réagir, ou de ne pas me "secourir", j'en veux à ceux qui ne le savent pas de ne pas s'intéresser à moi, ... bien que je sois consciente que ce n'est évident ni pour les uns ni pour les autres.

Je m'isole des personnes que j'aime de peur de leur communiquer ma souffrance et des autres, moins proches, parceque je n'arrive pas à m'intéresser à leur vie. J'ai peur de m'emporter face aux "petits problèmes" des autres, j'ai peur de les mépriser par colère et par détresse, car, en temps normal je suis très sociable et empathique, alors de peur de me retrouver seule, je m'isole. Je crée pour ainsi dire, mon propre cercle vicieux. J'ai pourtant besoin, plus que tout, d'être entourée, écoutée, soutenue, j'ai besoin de rire et d'échanger. Mais dés que l'occasion se présente je suis comme bloquée, je ne me sens pas à ma place et l'envie de fuir me prend.
Paradoxalement, dés que je me retrouve seule, le souvenir de ma soeur me submerge. Et toutes mes interrogations, mes remords, ma colère et ma tristesse reviennent.
Je sens que m'enfonce de plus en plus, je ne sais pas comment en parler à mes proches sans les froisser, les gêner ou leur faire du mal. Je sens le mal me ronger et j'aimerai m'en sortir. J'arrive tout juste à aller au travail, discuter avec des collègues et voir quelques proches, et cela me demande un effort considérable.
Mais comment faire pour m'en sortir face à cette détresse?

Merci infiniment pour votre aide.