pimpampoum — 11-06-2010 00:07

Bonjour,
Je suis en couple depuis quelques mois avec un homme qui a été agressé sexuellement par son père pendant plusieurs années. Il est passé par la phase de déni, puis par les flashs, la dépression, l'auto-mutilation, et depuis quelques mois (correspondant à peu près à l'époque où l'on s'est mis ensemble - j'étais donc au courant en me lançant dans cette relation) il a décidé d'en parler autour de lui et d'entamer une procédure judiciaire - pour laquelle je suis d'ailleurs allée témoigner.
On pourrait donc pu croire que le plus dur était fait, toutefois le quotidien est loin d'être évident. Je le définirais comme "en dents de scie" : des jours où tout semble aller bien, et des jours ou au contraire tout va mal. Les cauchemars sont très fréquents, il a des moments de repli sur soi, voire de rejet (assez nouveau pour moi, depuis quelques jours), les relations sexuelles peuvent être très bonnes ou s'arrêter en plein milieu à son initiative (enfin si l'on peut dire, lui même subissant la situation)... Il doit souvent boire, fumer ou prendre des cachets pour atténuer la souffrance.
Bref, face à ça je fais ce que je peux pour y aller en douceur, je l'écoute, le rassure, le câline, le chouchoute... mais parfois (souvent) je me sens complètement impuissante. J'ai également peur de ne pas avoir la force nécessaire pour l'aider quand de mon côté je ne suis pas au top. Et puis j'ai peur de m'oublier un peu dans cette relation. Je ne suis pas du genre "infirmière/sauveuse", du moins je n'ai pas vocation à être un martyr. En écrivant ça je me dis que ça peut être vécu comme de l'égoïsme, mais je pense qu'il n'y aurait rien de bon à tomber dans un système de dépendance.
Une possibilité serait bien sûr qu'il se fasse aider par un professionnel, mais là encore, rien n'est facile : un passif décevant (une psy qui n'avait pas réagit quand il lui avait raconté ses agressions quand il avait 17 ans) plusieurs lapins posé par une psy appartenant à un réseau d'aide aux victimes, une expertise traumatisante dans le cadre de l'enquête, un nouveau rdv décevant la semaine dernière, avec l'impression de ne pas être entendu (le fameux : arrêtez d'intellectualiser !")...
Le but de ce message est donc pour moi d'avoir quelques conseils sur la façon dont je pourrais l'aider à aller, sinon mieux, du moins "moins mal", et aussi savoir comment gérer cette relation de mon côté.
Merci par avance !

georgesN — 11-06-2010 07:58

la meilleure façon de l'aider serait de l'aider à trouver un bon thérapeute, tout à fait dans la mouvance analytique, afin de n'être surtout pas dans le jugement ou dans le conseil ni dans la "rééducation". Il faut en effet une qualité d'écoute très fine pour ce genre d'aide mais une fois trouvé le bon psy et la juste distance il pourra enfin faire ce travail de reconstruction . (si vous étiez dans la région Lyon - St-Étienne je pourrais vous orienter, dans ce cas m'écrire par mail)

pimpampoum — 11-06-2010 22:52

Merci de votre réponse, mais pourriez-vous me donner des pistes pour trouver un "bon thérapeute" ? Celle des CMP ne semble pas forcément la meilleure (peu de rdv, pas de choix), et nos finances ne permettent pas d'aller consulter dans le privé...

georgesN — 13-06-2010 23:56

"et nos finances ne permettent pas d'aller consulter dans le privé..."
quelques paquets de cigarettes, quelques sorties, quelques bouteilles de moins ne permettraient pas d'utiliser les économies pour s'occuper de sa santé et dégager les 50 ou 60 euros mensuels d'une thérapie "dans le privé"? J'ai bien des patients qui sont au CMU et qui parviennent à ça.

pimpampoum — 14-06-2010 18:58

Et bien je vais essayer de convaincre mon mec de faire une croix sur les choses qui lui servent de béquilles, faute d'une écoute suffisante de la part de professionnels ! C'est vrai, les sorties, on n'en a pas vraiment besoin quand on va mal et que voir des amis est un moyen de se changer les idées... Merci vraiment du conseil, vous m'avez beaucoup aidée !

georgesN — 14-06-2010 23:21

"convaincre mon mec de faire une croix"
non: de faire des CHOIX.
Et aussi de se demander comment il se fait que tous les psy rencontrés soient nuls, et comment: cette société ne nous fournit pas tout gratuit ?!

pimpampoum — 19-06-2010 19:35

Quand un psy ne réagit pas quand on lui parle de l'inceste dont on est victime, quand un autre pose des lapins et fait faire 2 heures de route pour rien, quand un 3ème préfère parler politique... n'est-ce pas normal de se décourager ?

Pour la gratuité, je précise juste que nous payons des impôts. Si des structures sont construites avec ce budget, n'a-t-on pas le droit d'attendre d'y avoir accès ? Et si oui, le fait que ce soit gratuit implique-t-il forcément un service de moins bonne qualité ?

Alors après, il paraitrait qu'une bonne thérapie doit être chère, ça fait partie du truc, on demande un effort de la part de la victime... soit. Mais est-ce que en parler n'est pas déjà un effort ? Et pousser la porte d'un commissariat, porter plainte, étaler sa vie, répéter les horreurs qu'on a subies encore et encore... Et faire la démarche d'aller voir un psy, se mettre à nu, à nouveau... Déjà beaucoup d'efforts je crois, pour des personnes qui sont VICTIMES dans l'histoire (faut-il le rappeler ?).

Pour finir, le budget de 60 euros dont vous parliez, ça correspond à quoi... une séance par mois ? Pensez-vous sincèrement que c'est suffisant ?

Je n'ai pas l'habitude des psy (j'ai la chance de n'avoir pour ma part jamais vécu de situation tellement horrible qu'il me faille une thérapie), mais j'aimerais vous donner ma vision de nos échanges : je trouve que vous avez un ton moralisateur, j'ai l'impression que vous jugez, que vous essayez de retourner chacun de mes propos contre moi. Ça n'est pas tout à fait ce à quoi je m'attendais, d'autant que dans le premier message, j'avais également demandé de l'aide pour moi, pour m'aider à affronter cette situation. Est-ce une méthode habituelle chez les psy ?

georgesN — 20-06-2010 11:04

"nos finances ne permettent pas d'aller consulter dans le privé..."
"je précise juste que nous payons des impôts"

ces deux phrases rapprochées donnent à penser -pas à juger: à s'interroger!
Des honoraires de psy peuvent toujours se discuter et l'exemple que je donne pourrait correspondre à 2 ou 3 séances par mois.
"Et bien je vais essayer de convaincre mon mec ...... Merci vraiment du conseil, vous m'avez beaucoup aidée !" : Vous êtes dans votre droit d'ironiser et je suis libre de vous répondre ce qui me parait le plus utile à votre réflexion personnelle, n'étant pas dans une relation "patient-thérapeute".
"j'aimerais vous donner ma vision de nos échanges : je trouve que vous avez un ton moralisateur, j'ai l'impression que vous jugez, que vous essayez de retourner chacun de mes propos contre moi" : Qui juge qui ?

pimpampoum — 20-06-2010 15:16

Bien, je vois que cette discussion tourne un peu en rond... Je vais arrêter d'argumenter, je crois que vous vous êtes déjà fait votre opinion, et que quoi que je dise j'aurai droit en retour à quelque chose de moralisateur (je reste sur cette idée que vous êtes bien prompt à juger).

Ce que je ne comprend pas, c'est que vous êtes inscrit sur ce forum pour aider, en votre qualité de psy. Cette démarche est louable, alors pourquoi en faire quelque chose de désagréable pour celui qui vient chercher de l'aide ?

"je suis libre de vous répondre ce qui me parait le plus utile à votre réflexion personnelle, n'étant pas dans une relation "patient-thérapeute""
Certes. Mais alors, en quelle qualité êtes-vous sur ce forum ? Je pensais avoir à faire à un psy, et donc j'attendais des réponses de psy, mais apparemment je me suis trompée.

Pour info, ma réflexion personnelle portait plus sur ce que je pouvais faire pour aider mon ami, parce que la démarche d'aller consulter doit forcément venir de lui, et ne peut pas être imposée. C'était donc plus sur des choses au quotidien que j'aurais aimé être guidée.

Et encore une fois, c'était aussi pour savoir comment gérer de mon côté cette relation à 3 (couple + passé).

Donc je suis désolée de vous avoir fait perdre votre temps, et je suis également désolée d'avoir perdu le mien...