Dentelle — 02-02-2010 10:33

Bonjour,
Je suis très entourée par la gente masculine, c’est l’entourage que je préfère, que je recherche. Je n’ai jamais recherché ce contact dans l’éventualité de contact sexuel, j’ai juste une préférence pour les conversations masculines, leur côté plus direct, moins tatillon, le côté moins hypocrite, moins « hystérique »

Mais à la suite de différents rêves, je prends conscience, un peu avec effroi, que systématiquement les hommes qui me sont proches, je leur souhaite la mort : je les ai imaginé mort, ou j’espérais que l’on m’annonce leur mort… pire, j’ai souvent élaboré des plans concernant la mort « accidentel » de mon époux, j’imaginais ce que je pouvais trafiquer sur son véhicule pour créer un accident.
Lorsque mon fils m’ennuie beaucoup, je l’imagine aussi mourir avec son père, dans un accident.

Ça a commencé jeune : vers 12ans, peut être un peu avant ou après ? J’imaginais souvent la mort de mon père, je l’espérais (pourtant je l’aime beaucoup) par contre je ne supportais pas l’idée que la mort touche ma mère, je me disais que je deviendrais folle si ma mère venait à mourir et j’angoissais beaucoup dans ce scénario. L’idée de mon père mort ne m’apporte pas d’émotion particulière.

Ensuite j’imaginais facilement mon frère mourir, puis mon mari : pour lui c’est le pire (pourtant lui aussi est super avec moi, il est très amoureux, aux petits soins pour moi) mais j’ai dû espérer sa mort des centaines pour pas dire des milliers de fois.

Et dans mes rêves, toutes ces idées prennent vie et m’apportent soulagement. le lendemain, je visualise tout ce dont je pourrais me débarasser dans la maison, toute la place, je me sens respirer, je me sens libre.

Ces idées morbides me culpabilisent beaucoup, je me sens un monstre de penser autant à la mort de ces hommes innocents et prenant soins de moi. biensure j'espère la mort de mes agresseurs véritables, mais pourquoi est ce que je place toute la gente masculine dans ma ligne de tir ?

Toutes ces images en moi, ces plans qui s’élaborent dans l’idée de les voir mourir me donnent parfois le sentiment d’être un peu « serial killer ». je culpabilise aussi du bien être furtif, de ce sentiment intense de liberté,  que m’apporte l’idée de supprimer tel ou tel homme (garçon) de mon entourage.

les psys que j'ai eu occasion de rencontrer ne sont que des hommes, impossible pour moi de m'entretenir avec une femme thérapeute

georgesN — 02-02-2010 10:55

tout petit élément de réponse à votre mail intéressant:
"par contre je ne supportais pas l’idée que la mort touche ma mère, je me disais que je deviendrais folle si ma mère venait à mourir et j’angoissais beaucoup dans ce scénario."
la seule probablement parce que vous désiriez (inconsciemment) la mort, situation bien œdipienne!
"l’idée de supprimer" êtes vous "actrice" dans l'envoi "ad patres" de vos virtuelles victimes ?

Dentelle — 02-02-2010 11:19

bonjour,

je suis souvent actrice, ou responsable : plus aujourd'hui par rapport à mon mari, par exemple je trafique le véhicule, je ne me vois pas violement tuer, c'est plus subtile comme provoquer un accident.

sinon j'espère beaucoup, je "prie" répetant parfois à voix prononcée "faites qu'il meurt, je vous en supplie, faites que le téléphone sonne et que l'on m'annonce sa mort"

dans mon dernier rêve, je suis à vélo et je fonce déliberement sur un motard, provoquant sa mort.
il m'arrive souvent de rêver de la mort de mes proches masculins

Dentelle — 02-02-2010 11:23

j'oublie : Oedipe ? dans ce cas pourquoi espérer la mort de mon père et non ma mère ?

Dentelle — 02-02-2010 15:22

Avec réflexion:
je dis ne pas approcher les hommes dans l’idée d’un contact sexuel, ceci dit, il m’arrive systématiquement le moment ou j’envisage « l’ami » comme partenaire sexuel, cette idée ne restera qu’une image, mais je la visualise un instant, je pense souvent que ça s'impose à moi. (peut être dû à ma pré-adolescence où certains amis profitaient de ma faiblesse : est ce que "ami" veut dire sexe ? est ce que "fille" parmi des garçons, veut dire objet sexuel et non "amie" ? ou alors je ne sais pas ce à quoi servent les amis ??)

Je ne suis jamais passée à l’acte, à peine ouvertes, je ferme toujours les ouvertures et j’ai refusé le peu de propositions directes.
Mais je reconnais que j’aime l’idée d’être entourée d’amis hommes, et que j'aime (à l'inverse de moi, petite) avoir le controle.
je trouve plaisant de les visualiser un instant comme amant.

Suis-je inconsciemment  une sorte de Latrodectus mactans, si ce n'est que je ne tue que dans mes rêves, dans mes pensées.
(en même temps j'ai souvent visualisé mon père mort (bon soit: Oedipe) mon frère mort ? et mon fils ? : là ce n'est plus l'image de l'amant !)

Qu’est ce qui, à un moment donné, fait que mon regard sur le genre masculin est à la fois si admiratif et si destructeur ? si envieux et si intransigeant ?

georgesN — 02-02-2010 17:33

"Oedipe ? dans ce cas pourquoi espérer la mort de mon père et non ma mère ?"
..."j'ai souvent visualisé mon père mort (bon soit: Oedipe) "
soit vous me lisez un peu vite, soit vous avez une conception erronée de l'œdipe :-) j'ai écrit exactement le contraire!...

Dentelle — 02-02-2010 17:37

excusez moi, je vous ai effectivement lu trop vite, ou bien ai je répondu trop vite. j'ai compris votre phrase en deuxième lecture.

alors je profite aussi pour corriger une faute fréquente, a laquelle je n'ai pas échappé ... "Gent Masculine" et non gente !

du coup je me suis amusée à lire un résumé du complexe d'Electre

Dentelle — 02-02-2010 18:47

Sans doute suis-je aveugle, et je ne peux voir la véritable source de ce qui m’amène à avoir de telles pensées. ou bien est ce que je ne veux pas voir ?

c'est étrange car lorsque je me suis inscrite, j'ai choisi rapidement un pseudo, parce qu'il en fallait un : tout de suite le mot "dentelle" est venue à moi, ma première image a été : la féminité, la séduction...
en écrivant mon premier post, sur ce "sentiment de cases manquantes", j'ai soudain vu  la dentelle sous un autre aspect, comme un tissu étiolé, très beau tissage luxueux certes mais "plein de trous" quand même, fragile, cachant un côté rêche au toucher malgré sa beauté apparente.

Lorsque j’évoquais le fait que je sentais fortement des cases manquantes en moi, celle que j’aimerais combler le plus, est justement l’attachement que je souhaiterais ressentir, envers les hommes qui me sont proches, pas forcement un attachement d’amour, même si celui ci me manque aussi, mais simplement l’attachement que beaucoup ressentent envers leurs amis.

Ce qui m’étonne dans mon comportement c’est que je recherche beaucoup le contact avec les autres, principalement les hommes, et très vite je suis jugée sympathique et attachante, les gens s’attachent rapidement et fortement, à partir de là, nous vivons plusieurs mois intenses de copinage et subitement je provoque une mise à l’écart, je refuse peu à peu les sorties, je me fais plus distante. Si les personnes se montrent plus insistantes c’est à partir de là que j’envisage leur mort, et que les rêves se font plus présents.
Ce comportement me pèse, il me rend malheureuse, car je cause le malheur, je cause de la peine. Je me sens dans l’abus des sentiments
Comme si inconsciemment je cherchais l’attachement fort, voire l’amour, et lorsque j’amène la personne souhaitait vers ce sentiment, je provoque le rejet, la blessure.

Dentelle — 02-02-2010 22:19

Ai-je bien compris votre phrase concernant ma mère :
Seule la mort de ma mère m’angoissait profondément et me torturait, car cette mort était la seule inconsciemment présente à mon esprit, réellement désirée ? (Étant dans une phase œdipienne où ma mère était supposée être une rivale entre moi et mon père, cela peut paraitre logique que je souhaite sa disparition).

Ce qui me fait penser subitement à un souvenir très marquant qui m’a hanté longtemps, et qui m’apportait beaucoup d’angoisse sur la disparition possible de ma mère : j’étais plutôt jeune, mais quel âge ? Peut être  11-12 ? Une nuit un bruit sourd et violent me réveille, de ma porte de chambre ouverte, je ne vois que le visage de ma mère allongée, inconsciente, sur le sol de marbre, je suis terrifiée, je l’appelle, je pense en criant, d’une voix très angoissée, je la crois morte. Je me lève d’un bond, entre temps mon père dans la chambre d’en face, fait de même, nous nous retrouvons tous les deux, chacun d’un côté du corps de ma mère, tous les deux extrêmement angoissés, la suite je ne me souviens pas, je ne me souviens que du bruit sourd de sa tête heurtant le sol, sa tête inerte, ses yeux clos, et la tête de mon père, son angoisse, sa voix l’appelant, et me posant ces questions « qu’est ce qu’elle a ? Qu’est ce qu’il faut faire ?» moi ?mais je n’en sais rien, je pleure déjà.

Pour l’histoire : elle a juste fait un malaise en se levant trop vite, elle est tombée  violement sur le sol. Quelques jours plus tard : d’un ton amusé, elle me demande ce dont je me souviens de cette nuit, je lui répète ce que je dis ci-dessus.
Elle insiste « tu n’as rien vu d’autre ? » non ! « Quelque chose ne t’a pas choqué chez ton père ? » non ! elle garde un air amusé et pas convaincu de mon « innocence »

Alors elle m’explique que mon père est très gêné depuis,  car il était nu, ils restent tous les deux persuadés que j’ai vu sa nudité, mais que je ne veux le reconnaitre (mon père est extrêmement pudique) moi la seule image que j’ai c’est son visage, ses yeux terrifiés.
Je n’ai aucun souvenir d’avoir eu un quelconque intérêt pour mon père, j’ai surtout des souvenirs de lui repoussant (non par son physique il était un bel homme)  ou indifférent (pourtant il est très calme, gentil, je n’ai rien à lui reprocher) s’il n’était pas là ça ne me manquait jamais, s’il était là : il me gênait plus qu’autre chose : ce qui a commencé à déclencher en moi l’envie de le savoir mort)

georgesN — 02-02-2010 23:15

oui, vous avez -en fin de compte- très bien compris la phrase:la mort imaginée (de votre mère) est insoutenable car elle renvoie à sa mort désirée inconsciemment.
Mais alors, ce souvenir qui s'allume alors dans votre mémoire est absolument digne d'illustrer un cours de psychanalyse: la vision de votre mère au sol, immobile, est traumatique car l'inconscient de la petite fille se dit: malheur: mon souhait (de mort) a été réalisé, je suis une meutrière !. Le réel télescope le symbolique!
Mais, cerise sur le gâteau psychanalytique: vous êtes victime -pour les mêmes motifs œdipiens!- de ce qu'on appelle une hallucination négative: contre toute logique(d'ailleurs on ne vous crois pas!), vous ne voyez pas le sexe de votre père, vous ne pouvez pas le voir puisqu'il est en quelque sorte le mobile de votre matricide !
Après mure réflexion, j'ose avancer que votre obsession -car c'est bien une forme de névrose obsessionnelle dont vous souffrez, trouve dans cette scène son origine. Dans votre inconscient, s'est gravé le schéma: mon esprit peut tuer, et tuer impunément.  Sauf que Freud nous enseigne que l'œdipe est bien moins simple et bien plus ambivalent: il y a désir de mort pour la mère MAIS il y a amour, donc culpabilité de ce désir. Symétriquement, le désir du père existe, avec sa dose de culpabilité, MAIS comme c'est pour ce père là que vous avez commis ce crime de matricide, c'est lui (et avec lui, tous les hommes) que vous devez tuer.

Dentelle — 02-02-2010 23:49

C’est une très belle analyse, enfin belle ! Une analyse très intéressante car jamais abordée, qui ne m’a même jamais effleurée l’esprit.

Cette scène m’a traumatisé longtemps, mais en toute logique je ne l’ai jamais rattaché à quoique ce soit qui me gène aujourd’hui : étant donné que j’ai eu plusieurs expériences de confrontation à la  virilité : négatives. Je voyais plus la naissance de cette « névrose » dans ces passages marquants de ma pauvre vie débile de jeune fille.

J’aimerais aujourd’hui que ces idées cessent de s’inviter aussi fréquemment, car je me sens tiraillée entre ma grande attirance, mon grand plaisir à être près des hommes, et ce côté « veuve noire » un peu obscure.

Parfois je me demande ce qui fait qu’un serial killer est rarement une femme, est ce qu’il nous manque les « koleos » nécessaire, ou bien cette ambivalence entre l’amour, la haine ??

georgesN — 03-02-2010 07:52

"jamais effleurée l’esprit" c'est bien logique: votre névrose vient justement de cette impossibilité!
Quant à votre position de tueuse, en reprenant mon raisonnement, il tire son origine de votre rapport au père: votre attirance pour lui, préconsciente, se transforme en attirance fantasmée de lui pour vous; vous lui "mettez sur le dos" le rôle de séducteur. De ce fait, "tous les hommes sont des séducteurs" qu'il faut tuer pour qu'ils dorment et qu'ils vous fichent la paix (la mort de vos victimes est une fausse mort, elle est un équivalent du sommeil, on meurt pour de faux
En fait vous voulez pouvoir jouer avec les hommes,tous les hommes, comme avec des pantins, à condition qu'ils n'aient pas de pénis! (une autre égalité psy: mort = castration)
Tout ceci peut être un point de départ pour vous permettre de mettre au clair votre relation aux hommes.

georgesN — 03-02-2010 08:11

Comme si inconsciemment je cherchais l’attachement fort, voire l’amour, et lorsque j’amène la personne souhaitait vers ce sentiment, je provoque le rejet, la blessure.
c'est bien là une description des relations œdipiennes fille-père.
Lorsque vous dites "il me gênait": pourquoi?
Vous dites "il était extrêmement pudique", traduction psy: il refoulait beaucoup. QUE refoulait-il?
La présence du sexuel dans les relations aux enfants est cause de malaise chez TOUS les parents, davantage encore sans doute chez les pères qui ne savent quoi faire de ces pulsions contre-nature
(contre-nature? je devrais dire "contre-culture" puisque le tabou de l'inceste est culturel et non "naturel": il est "naturel" chez les animaux!)

Dentelle — 03-02-2010 13:45

bonjour,
merci pour toutes ces réponses :

En fait vous voulez pouvoir jouer avec les hommes, tous les hommes, comme avec des pantins, à condition qu'ils n'aient pas de pénis! (une autre égalité psy: mort = castration

Première lecture : cette phrase m’a fait bondir, ma réaction a été de rejeter cette idée, puisqu’avec mon mari je cherche systématiquement  le contact « pénis », souvent sa réflexion à cette demande, est de dire que ce n’est qu’un « jouet » pour moi.
Puis avec réflexion je dois m’avouer que vous êtes dans le vrai, hormis mon époux, j’ai toujours fuis le contact sexuel de l’homme, non pas que je ne le désirais pas mais j’étais terrorisée, donc oui : je me sens dans le jeu tant que n’apparait pas le côté sexuel de l’homme, je me sens peut être en sécurité. peut être maître du jeu ?

Ce qui me fait penser à une petite partie de mon enfance, mon frère a « joué » à des petits jeux de découvertes sexuelles (comme souvent entres enfants) je ne l’ai jamais considéré comme abus de sa part, il ne faisait que me toucher, mais lui restait habillé, et ne m’a jamais demandé quoique ce soit concernant son propre sexe. De là peuvent commencer  les « jeux » sans sexe masculin

Lorsque vous dites "il me gênait": pourquoi?
Je considère mon père comme un obsédé sexuel, je crois que je l’ai compris jeune, principalement dans son dialogue, ses réflexions, son principal centre d’intérêt est le sexe. Ça m’a toujours agacé. Malgré cela il a toujours tenté de me  mettre en dehors de ces conversations, voulant me préserver. Il m’a naturellement ignoré, je pense pour ne pas me mêler, ou parce qu’il supposait que cela ne me regardait pas ? parce que ça le gênait lui-même ?

Vous dites "il était extrêmement pudique", traduction psy: il refoulait beaucoup. QUE refoulait-il?
C’est un homme qui est très réservé, pudique, il manque grandement de confiance en lui, je pense qu’il n’assume que peu son intérêt pour le sexe,  je le vois plutôt frustrée, un peu malsain, comme si son intérêt devenant obsession à mes yeux, était transmis aux yeux des autres comme « honteux » chuchoté.
En vieillissant il affichait de plus en plus ouvertement son intérêt pour le porno, tout en gardant une gêne qu’il transmettait, comme quelque chose qui ne semblait pas naturel : donc qui me gênait aussi, jusqu’au rejet.
Je pense que s’il s’était comporté avec plus de naturel et de simplicité, il transmettrait  un dialogue plus sain, plus confiant et apporterait moins de gêne, sa présence près de moi aurait peut être été tout autre

georgesN — 04-02-2010 08:01

"ce n’est qu’un « jouet » pour moi"
de sauvage vous avez réussi à le domestiquer!
Ben vous pourriez servir tout chauds tout bouillants tous nos échanges à votre psy et ..au boulot! Y en a du pain sur la planche!...
Si je devais reprendre point par point, nous en aurions pour 3 ans d'analyse! Alors courage: vous avez peut-être attrapé le bout du fil rouge!

Dentelle — 04-02-2010 09:04

bonjour,

Ben vous pourriez servir tout chauds tout bouillants tous nos échanges à votre psy et ..au boulot! Y en a du pain sur la planche!...

:) Lorsque j’aurai un psy !!

En quelques messages vous m’avez éclairé plus que le précédent psy que j’ai vu, peut être est ce moi qui me suis plus libérée par écrit ? Mais je préfère penser que c’est parce que vous avez abordé un thème jusqu’alors écarté : ce sentiment incommodant que je ressens en présence de mon père, tout en étant culpabilisé par la gentillesse qu’il dégage, son respect pour moi.

Je n’ai jamais parlé de mon père au précédent psy : pas eu le temps, ou lui n’était pas assez disponible ?
Finalement qui n’a pas de « conflits » avec son père ? sa mère ?

En tout cas d’avoir pu entrapercevoir ce « fil rouge » m’apporte un soulagement, je me sens moins « killer », ça m’allège : hasard ou pas hier j’étais malade, écroulée de fatigue, estomac comme une pierre, indigestion ? Impossible de manger la moindre chose, diète totale, et ce matin encore difficile

merci pour votre écoute

georgesN — 04-02-2010 09:36

vous avez trop eu de choses indigestes à assimiler tout à coup!

Dentelle — 04-02-2010 11:49

Une petite chose encore, que j’ai du mal à « digérer » :
Du coup je me sens encore plus coupable d’avoir provoqué l’agression.

Non pas lors de ma période  ~à peine pré ado~ car là faut pas déconner  quand même ! Mais est ce qu’adulte mon attitude a pu à un moment donné, provoquer, autoriser, justifier l’agression ?

Ce qui voudrait dire qu’une personne, de par son comportement névrosé
« autorise » l’agresseur à la prendre pour cible.
peut être aussi que ce comportement inconscient fait qu’une victime (re) attire les prédateurs et attire immanquablement la violence ?

Il me semble qu’être éduquée « gentille » (le mot est souvent péjoratif d'ailleurs) c’est un grand défaut, une grande erreur, et ce qui m’ennuie c’est que mon instinct, mon idée était d’éduquer mes enfants aussi dans cette gentillesse, cette douceur : finalement je ne leur rend pas service, surtout aujourd'hui : cette gentillesse est encore moins à la mode,  je me rends compte qu’ils se font déjà bouffer, qu’ils ont déjà parfois l’attitude de « victimes », ne comprenant pas toute cette violence, (comme j'ai pu, de par le passé, ne pas la comprendre non plus) et devenir alors comme paralysés, impuissants, perdus

Dentelle — 04-02-2010 17:53

Au niveau de mon identité je me suis toujours sentie perdue, je commence à percevoir qui est « moi » mais je ne me sens pas toujours « moi » (peut être chose impossible ?) parfois encore je suis une autre, cette autre vit en parallèle, 

falsificatrice de moi-même

Face à un individu manipulateur, je me sens conditionnée, sous emprise, droguée…tétanisée s’il y a violence.

victime sacrificielle
par là je veux dire que s’il y a une personne qui doit se sacrifier, encore aujourd’hui, ce sera moi : ça donne un côté un peu masochiste, mais c’est surtout que j’ai la sensation que plus rien ne pourrait m’abimer plus, alors autant protéger ceux qui n’ont jamais souffert, qu’ils gardent leur pureté, leur innocence, leur foi en la bonté humaine.

Le plus surprenant à mes yeux, c’est que je crois toujours en la bonté humaine, il me semble soudainement que "ma relation aux hommes" : c’est une quête

dans cette recherche de contact masculin, je cherche cette bonté, je cherche à me prouver à chaque instant que l’homme n’est pas cet autre si terrifiant, cet autre qui m’apporte des terreurs nocturnes, cet autre à qui je me soumets si naturellement.

Il me semble, brusquement, que c’est une forme de thérapie inconsciente, comme lorsque l’on met progressivement une araignée en présence d’un arachnophobe, jusqu’à pouvoir lui mettre dans la main : le mot « domestiquer » que vous avez employé m’a fait penser à cette image, si ce n’est que je m’attache à domestiquer
« le sauvage » dans son intégralité, dans son approche globale.

georgesN — 05-02-2010 08:49

"une personne, de par son comportement névrosé
« autorise » l’agresseur à la prendre pour cible. "

certains psy s'interrogent de fait sur la possibilité qu'existe une victime-type du pervers: étude quasi infaisable!
Si les questions sur la violence vous interpellent vous pouvez trouver des réponses chez J.Bergeret (La violence fondamentale) et -plus abordable- l'approche d'Alice Miller dans "C'est pour ton bien" et spécialement son explication de l'enfance d'Hitler.

La socialisation - l'école- atténue heureusement une éducation trop "gentille"!!

Dentelle — 05-02-2010 09:13

bonjour et merci pour votre réponse,

je pense surtout l'école "d'aujourd'hui" alors, car lors de ma scolarité, il était de bon ton, qu'une fille (surtout) soit très gentille, discrète, ne siffle pas, ne se bagarre pas etc...Ce qui fait que pour apprendre à se défendre, ça me mettait sacrément en conflit, ma grand mère très présente dans mon éducation, s'est chargée elle aussi de me mettre au pas, et au devoir de l'HOMME.

J’ai commencé à m’intéresser aux écrits d’Alice Miller, notamment sur l’enfance d’Hitler, le comportement de son père !!!

Je crains d’être fondamentalement « gentille », même si avec la quarantaine approchant, je me découvre un caractère plus affirmé, malgré cette maturité je sais que je peux sombrer facilement, je sais aussi que je suis moins naïve et pour cause !

Je vois les infos en ce moment, et toute cette violence qui émane des enfants me terrorise pour le devenir des miens, je comprends que nous ne pourrons les préserver de tout ceci, et qu’en voulant leur apprendre le respect, l’altruisme, le dialogue plutôt que les coups, nous les avons peut être rendu plus faibles, moins prêt à se protéger de par eux mêmes

Puisque nous avons (vous et moi) une génération d’écart, pensez vous que c’est un phénomène de la société d’aujourd’hui ? Ou pensez-vous que ce discours était déjà tenu par d’autres générations de parents ? Est ce qu’à chaque évolution il y a crainte pour la sécurité de ses enfants, pour la violence qu’ils risquent de rencontrer ? ou est ce juste à moi de travailler sur ma rassurance (ce mot existe ?) ?

georgesN — 05-02-2010 09:36

sans faire de la sociologie de café du commerce, je pense que, depuis la nuit des temps jusque dans les années 50, les enfants étaient quasi la "propriété" des parents -comme la femme l'était du mari d'ailleurs!- lire les Code Civils anciens est tout à fait édifiant!Nous avons traversé une période faste pour la famille et les enfants.
Aujourd'hui, nous entrons dans une ère du profit, de la confrontation économique planétaire. TOUT est un PRODUIT (y-compris les enfants, que ce soit pour leur faire bouffer du McDo, aller les acheter au Cambodge ou à Haïti ou pour les prostituer)
Enfin tout est dans l'avoir et le paraître. Il n'y a plus de sans-prix.
Donc la violence est sociétale, diffuse et mondiale. Allez leur parler de gentillesse avec ça!!!!!

Dentelle — 05-02-2010 09:59

pas vraiment en rapport, mais je n'osais vous aborder ce "détail" :

Je souhaiterais vous préciser, non sans gêne, mais ceci me semble à la fois lourd et à la fois très bête, je crains avoir trouvé ce qui déclenche autant de troubles en moi ces jours ci :

Une amie m’a confié (la semaine dernière) le temps d’un rendez vous (quelques heures) son bébé, une petite fille adorable de trois mois.

Il m’a fallu la changer, la petite étant légèrement malade, je me suis retrouvée face à une couche très souillée et la petite avec.

Premier choc, je me rends compte que je n’ai jamais eu à changer une fille ! Passé ce premier recul d'inexpérience, je sais qu’il me faut parfaitement nettoyer sa peau déjà bien irritée par l’acidité et donc .....les muqueuses (c'est moins ennuyeux chez les garçons).

Et là je sens en moi une sorte de conflit : entre le soin que je veux parfaitement faire, y compris pommade spécifique, et ce refus en moi,

car je me dis que je vais lui faire mal, comment faire pour ne pas lui faire mal, forcement je lui faire mal !

Alors je sens monter en moi ce conflit, et je lutte : je prends le temps avec le plus de douceur possible, et le plus d’attention possible, j’évite tout contact de ma main directe en prenant des carrés de gaz hydrophile, même la crème est disposée à l’aide d’une gaz…

et là je sais que mon attitude n’est pas naturelle, que mon malaise face à l’éventualité de blesser cet enfant n’est pas naturel ! ma peur est irraisonnée !

georgesN — 05-02-2010 10:11

je ne puis que vous écouter.
ce bébé-fille est vous

Dentelle — 05-02-2010 10:30

L’ennui c’est que,  ne serait ce que poser ces mots sur ce post déjà retenu, m’a déjà provoqué des nausées, me voilà à nouveau comme mercredi, avec l’estomac douloureux, les nausées, les vertiges…tout ceci est con (lapsus possible, c'est vous le psy !).

Ce bébé, je ne le vois pas comme moi
Elle est si petite, elle doit mesurer à peine 60cm

Moi, j’étais protégée de tout contact (anormal) jusqu’en primaire.

Ce qui me chagrine, c’est que le comportement que j’ai là, me renvoie à ce que l’on entend souvent, que l’abuseur était souvent un abusé etc ;

je ne me sens nullement attirée, je n’ai aucune crainte sur mes désirs, mes fantasmes,  ils sont parfaitement placés sur l’adulte masculin,

je sais profondément et sans hésitation que je ressens plus un rejet total et non une attirance, une peur terrible de toucher un enfant même lors d’un soin aussi naturel que changer une couche !

ce qui m'ennuie, c'est ce que cela me provoque, encore aujourd'hui !

georgesN — 05-02-2010 10:46

chère dentelle, nous atteignons là les limites des possibilités de ce type d'échange de posts; si je vous avais en vis à vis -au cabinet ou avec webcam- et surtout si vous étiez ma patiente! je me permettrais de vous parler davantage. Là je ne le dois car je n'ai aucun contrôle de l'impact de mes paroles sur vous et nous ne sommes pas "engagés".
La violence que vous ressentez de cet acte posé sur ce bébé est le signe de quelque chose que nous ne pourrions trouver en quelques posts

Dentelle — 05-02-2010 11:22

Je vous comprends, excusez moi d'avoir poussé les limites.

je vous remercie pour votre aide

Dentelle — 05-02-2010 13:43

C’est étrange quand on s’adresse à moi par « chère », je bloque directe, pour ne pas dire que ça me met comme une grande claque, j’ai appris le silence très tôt. Et ça m'y renvoi direct, comme une forme de mise en garde      ?

Un mot que je souhaite préciser : ce que j’ai ressenti pour cette petite fille : une immense empathie, dont je sais qu’elle n’a nul besoin.

Ce qui me rassure, c’est que malgré cette « névrose » que vous citez et que j’accepte sans exagérer ni prendre à la légère, je réussie aujourd’hui à observer mon attitude avec recul et détachement, j’accepte mes troubles, mes angoisses, et j’accepte l’idée que je peux ainsi évoluer et apaiser ma culpabilité, apaiser mes différentes incompréhensions et colères.

Merci beaucoup pour  votre réactivité sur ce site

georgesN — 05-02-2010 13:46

Dentelle bon marché, bravo, vous êtes sur une piste prometteuse!

Dentelle — 05-02-2010 14:16

une piste prometteuse pour mon côté "bon marché" :) ou l'empathie éprouvée envers une fillette ?

georgesN — 05-02-2010 14:21

comme je vous l'ai écrit en raccourci, cette fillette c'est vous; c'est à dire que vous faites une projection -c'est le mécanisme de base de l'empathie.
"j’ai appris le silence très tôt" qu'est-ce à dire?
En tout cas on ne verra jamais de dentelle dans un hard-discount: c'est tout fait main: tout le contraire d'un produit industriel!

Dentelle — 05-02-2010 14:36

Dans votre région vous connaissez la complexité et la richesse de cette matière, merci pour le "fait main" parfois j'ai ce sentiment, qu'un ouvrage peut se reconstruire, mais quel patience, courage...j'en manque parfois ; 

le temps d’une seconde vous m’avez un peu pincé, mais de dire tout ce qui me passe par la tête, provoque parfois ceci, ...j’assume mieux, je prends le temps de me mettre en recul, et de dédramatiser tout ce qui pourrait me blesser.

Apprendre le silence très tôt, c’est le conditionnement par exemple d’un mot qui m'a fait justement réagir :
ma « chère » tu ne peux dire n’importe quoi, c’est très grave de porter de telles accusations…ou ma « chère » réfléchie donc un peu avant d’autant parler
etc


j'éprouve souvent de l'empathie pour autre, me reste plus qu'à accepter la "projection", je n'y arrive pas encore, les deux états sont encore bien scindés

Dentelle — 07-02-2010 09:04

bonjour,

encore une question : je vais tâcher de ne pas enfreindre les limites du possible d’un tel échange

Comment puis-je agir face à certains mots qui me déstabilisent, certains gestes, certains regards etc ?

Une partie en moi réagie exagérément, d’une façon urticante, alors que l’autre partie réussie à analyser que cette réaction n’a pas lieu d’être, une partie se sent en grand danger, agressée, l’autre partie observe avec ironie et se sent en sécurité : malgré cette conscience je ne réussie à réunifier, réconcilier, ses deux réactions, ses deux états d’être.
Dans mon quotidien, je me retrouve souvent face à un conflit intérieur, par exemple
•    « changer cette petite fille », le geste se fait avec soin, mais mon esprit est en conflit avec mon agir.
•    Croiser l’individu contre qui j’ai porté plainte : une partie est sure de son droit et veut rester plantée avec aplomb, l’autre partie est terrorisée et veut fuir : souvent cette partie là l’emporte.
•    Dans l’éducation des enfants : une partie cadre et fixe les limites, une partie se laisse déstabiliser dès qu’une attitude lui semble violente=donc dangereuse (et là je crois que je redeviens petite fille qui abandonne tout espoir de remporter la bataille et abandonne sans même essayer de s’imposer)

georgesN — 07-02-2010 10:32

Votre fonctionnement dans ces circonstances est en mode "clivé"; c'est à dire, comme vous le décrivez, qu'il y a deux personnalités parfois opposées en vous. Ce mode clivé , est une défense et s'est probablement installé très jeune. Une défense, le mot est parlant, permet à la psyché de se défendre d'un conflit interne. Exemple, vous nous écrivez:"Je considère mon père comme un obsédé sexuel, je crois que je l’ai compris jeune, " Il y a là matière à conflit: "mon papa je l'aime tendrement, mais je crois qu'il est un peu ...vicieux, et des fois j'aime pas quand il me regarde avec ces yeux-là" C'est bien là un conflit: votre conscient se dit "faisons comme si de rien n'était" et vous impose une attitude qui contrarie votre inconscient, lequel se protège en mettant en place cette défense "clivée".

Dentelle — 07-02-2010 11:09

merci à vous pour vos réponses claires et précises, qui me soulèvent, j'en suis désolée, un autre questionnement :

Faut il que j’accepte ce fonctionnement de clivage, en en ayant conscience, comme j’en ai conscience depuis peu ? (avant je niais cet état et je l’ai rejeté violement lorsque le psy m’en a parlé, étant même agressive envers lui, envers l’idée même qu’il puisse me suggérer une telle « débilité »)
Ou bien y a-t-il encore matière à travailler pour lever ce clivage ?

Autrement dit : puis je réussir à complètement baisser cette défense (que je trouve) exagérée ? Ou bien fait elle définitivement partie de ma construction, à moi de ne pas vouloir l’écarter à tout prix, la considérer : non plus comme anormale, handicapante, mais plutôt comme une alarme, une force ?

mon questionnement vous semble t il, bien inutile ?

Dentelle — 07-02-2010 12:04

et des fois j'aime pas quand il me regarde avec ces yeux-là

cette phrase me fait réagir, car aille aille !!! il me faut me l'avouer, que subitement je crois que ce qui m’agace le plus en mon père, ce ne sont pas « ses regards » mais plutôt "son absence de regards », son indifférence apparente (même si depuis quelques temps je pense qu’il n’était pas indifférent mais complexé, empêtré, dans ses propres inhibitions).

Alors puis je comprendre que mon intérêt pour la gent masculine est une recherche permanente, du regard paternel qui visiblement m’a fait défaut ?

d’ailleurs si je veux comprendre les ressentis que j’ai envers mon époux qui m’adore, et pourtant dont je souhaite souvent la mort : (la vrai mort et non l'endormissement, ni la séparation.

j’ai une faculté à le détester et soudainement à avoir beaucoup d’affection, de désir pour lui, me dire que finalement j’ai une sacré chance d’avoir un homme si aimant près de moi. Alors que quelques minutes après je me dis que la solution de soulagement immédiat pour moi serait qu’il meurt !

Si j’essaye de prendre le temps de comprendre à quel moment je le déteste : quand je le trouve trop gamin, immature, impulsif, impatient…, se laissant vivre sans dynamisme
Dès qu’il a une attitude paternante, caressante, patiente, restant ferme mais à l’écoute, dès qu’il prend une initiative prenant  en charge la famille etc  là j’apprécie la chance que j’ai d’être près de lui.

Mon père m’a toujours énervé plus dans le regard qu’il posait sur toutes les autres femmes, et à côté de ça, mon inexistence près de lui, son désintérêt affiché pour moi : je l'ai donc préféré, loin, absent, intéressant pour moi

georgesN — 07-02-2010 13:21

1er signe de l'abaissement progressif de votre clivage: vous ne vous êtes pas emportée contre moi, à l'image de votre psy. Vos introspections, confrontées à un regard extérieur, votre capacité à interpréter votre passé et son incidence sur le présent, enfin votre compréhension réelle des  causes ou de la cause de la mise en place de cette défense, tout cela -mais surtout si c'est mené  dans le cadre d'une thérapie- devra vous permettre d'intégrer ces deux parties clivées de votre moi.
Le regard de votre père: il y a de grandes chances, au vu de votre descriptif, que le détournement de son regard était lui aussi défensif: défense contre le risque de franchir le tabou de l'inceste. Ses pulsions sexuelles étant peu contrôlables, il avait trouvé ce moyen de se défendre de celles le portant vers sa fille comme une femme.
Votre inconscient de fillette sentait cela, ne le comprenait pas et aspirait à un regard simplement tendre, qu'il était incapable de donner. Tout cela n'est qu'hypothèses...

georgesN — 07-02-2010 13:22

souvenez-vous de ce que la fillette dont vous deviez nettoyer le sexe, c'était vous!

Dentelle — 07-02-2010 13:33

Oui, votre hypothèse me semble juste : seul aujourd’hui, je sens que j’ai cette compréhension plus calme. Peut être il y a quelques jours me serais je encore emportée, peut être sans doute n’aurais je même pas osée écrire ses mots, les rejetant en bloc, étant offusquée d’une telle hypothèse.  Aujourd’hui seulement je l’ai ressenti, et admis sans me juger, sans m’en défendre.

je m'en sens plus détendue, peut être prête à nouveau à progresser

Dentelle — 07-02-2010 19:36

Aujourd’hui encore, malgré nos contacts fréquents, je sens toujours une légère gêne, un truc un peu gauche, de sa part ; une légère précaution à la distance de ma part.

Pourtant il est adorable et je le sais. Il ne me refuse jamais rien, a fait beaucoup et ferait beaucoup pour moi (idem pour mon époux).

avec mon père : tout cela se fait sans contact physique, nous avons toujours eu du mal à nous regarder dans les yeux, mon père me parle facilement mais sans vraiment me regarder, il regarde toujours ailleurs.

Le seul contact physique que nous ayons, c’est un bisou assez distant pour « bonjour, au revoir, merci : parce que « ça se fait », jamais de bisou franc dirigé appuyé, jamais d’embrassade (dans le sens premier), sa main ne m’a jamais touché (exemple : toucher les cheveux, caresser la joue, poser sa main sur une épaule…)

la mienne non plus, je ne me rappelle même pas, enfant,  lui avoir tenu la main ne serait ce qu’une fois : c’est dommage tout ça

Il n’a jamais exprimé un mot d’affection, et moi non plus.  je sais, je suis convaincue qu’il m’aime, mais j’ai peur qu’il ne se sente pas aimé, et je sens que je ne réussirai jamais à lui exprimer, d’une quelconque façon que ce soit.

En cela, je me sens, abimée, défectueuse, et je crains qu’une thérapie aussi efficace soit elle, ne comble pas ces vices de construction, ne comble pas ces cases d’affection.

surement pour cela que j'ai cessé ma courte thérapie, car je me suis dis que de la meilleure volonté et efficacité que puisse être un thérapeute, il ne peut malgré tout effectuer de la magie.

georgesN — 07-02-2010 22:27

"abimée, défectueuse"
je pense qu'il est possible non de se réparer mais d'accepter et de vivre quand même. L'image qui me vient est celle d'une personne à qui il a toujours manqué un bras, de naissance; eh bien rien ne pourra combler ce manque, par contre elle pourra très rapidement installer des mécanismes de compensation. Mieux: des personnes hémi-cerebro-lésés (qu'une tumeur ou un accident a privé de la moitié de leur cerveau) ont pu assez rapidement trouver dans le demi cerveau restant des capacités compensant quasi totalement la moitié manquante!

Si vous aviez la moindre opportunité de parler -ce qui s"'appelle "parler"!- à votre père, ne laissez surtout pas passer l'occasion!

Dentelle — 08-02-2010 13:15

Vos métaphores sont justes et parlantes, c’est vrai que cette vision de compensation est encourageante, et ne peut être remise en cause.

Il est impossible pour moi d’imaginer un dialogue véritable, un tête à tête dans la sincérité de nos sentiments. Mon père a toujours bloqué, même face à ma mère, elle lui reproche suffisamment, même avec elle il n’y aucun dialogue émotionnel, intime.

Mon père a plus de 70ans, c’est un homme comme beaucoup d'une certaine éducation, qui n’a pas appris à s’exprimer, à démontrer, pour qui tout ceci était synonyme de faiblesse, de manque de virilité : quand je dis qu’il est frustré, c’est en cela aussi, tout garder depuis autant d’années créer de grandes frustrations.

Moi j’exprime depuis très très peu de temps, à force, à force…parce que je fais l’effort pour mon mari, qui je pense, le mérite, au fur et à mesure cet effort l’est moins, et je commence il me semble, à éprouver du plaisir à exprimer par la parole et le geste : ce n’est pas encore naturel. Je m’y attache comme on s’attache à faire un travail, un effort. Je le fais aussi surtout pour mes enfants, pour qu’à leur tour, ils trouvent ceci plaisant et naturel.

J’ai pu écrire il y a quelque temps à mon frère, après son grave accident de la route, que je tenais à lui, que je l’aimais, mais c’est la première fois que je lui faisais part de mes sentiments, et je n’ai pas prononcé les mots, je les ai écris simplement, vite fait, j'ai ressenti le besoin de cet effort.
J’ai pu l’écrire à ma grand-mère avant son décès, alors qu'elle me l'a écrit souvent, peut être finalement dois je être au frontière de la perte définitive d’une personne pour lui exprimer qu’elle m’est chère, et que je l’aime.

Pensez vous que si j’écris un jour à mon père simplement que je l’aime, cela lui sera aussi parlant que des mots prononcés en face à face ? Aussi important à ses yeux ? Le sachant pudique et réservé peut être préférera t il ?
une chose dont je suis sure, c'est que ces mots, même écrits seront sans aucun doute plus bénéfiques dans ses mains, que dans son cercueil !

Dentelle — 27-04-2010 15:42

Bonjour :)

Et bien voilà, après tant d’hésitations j’ai fais une lettre à mon père, j’ai profité de son anniversaire, pour non pas lui offrir simplement un cadeau, mais lui joindre une lettre, où je lui ai livré tout l’amour que j’ai pour lui.
Il était très surpris, et je suis partie avant qu’il n’ouvre la lettre. Il m’a appelé, lui qui ne saisit jamais le téléphone, pour me dire que ça le touchait beaucoup, que c’était « le plus beau cadeau qu’une fille puisse offrir à son père »
Je me sens en paix avec mes sentiments

Merci Georges pour ce long échange que nous avions eu, il m’a permis de comprendre ma place près de mon père, et donc il me semble : des hommes, chez qui je cherche toujours autant de câlins.
J’accepte que de mon père je n’en ai et n’en aurai jamais, mais j’ai compris qu’il avait beaucoup d’attention et d’admiration pour moi, et aujourd’hui je suis sure qu’il ait compris, combien moi je l’aimais et le respectais pour ce qui fait et ce qu’il est.