colibri — 06-07-2009 14:33

Bonjour,

J'ai entamé il y a une psychanalyse, il y a 9 ans, et l'année dernière, j'ai fait une tentative de suicide car je me suis sentie incurable, comme si plus rien n'était possible pour moi, j'avais l'impression de devenir folle, d'être dévastée, dévitalisée. Aujourd'hui, j'ai encore très peur de ne jamais m'en sortir, j'ai l'impression qu'on me remet toujours à la même place, qui me donne envie de me détruire. Je n'arrive pas à rentrer dans la vie, j'ai peur, très peur. Tout me terrifie. Je me sens persécutée.
Est-ce que j'y arriverai un jour, car je n'en peux plus de cette situation, je ne sais pas comment m'en sortir, comment retrouver une vie  ?
La psychanalyse peut-elle vraiment aider ?

georgesN — 06-07-2009 14:58

vous nous demandez, en quelques phrases d'inconnu à inconnue, de tenter de vous dire une parole juste et qui fasse en somme un peu contre-poids à environ ...500 heures d'analyse! Rude défi!
Mais comme une analyse c'est d'abord une question de rencontre entre une personne souffrante et un clinicien (=celui qui, psy comme médecin, se penche au chevetd'un patient-c'est la définition de la clinique)
alors tentons le coup: dites ce qui vous vient!

colibri — 06-07-2009 17:52

Terreur, inexistence

georgesN — 06-07-2009 19:07

depuis l'age de...?

colibri — 06-07-2009 19:57

A ma naissance.

Je ne suis jamais née pour moi. Ma mère s'est nourrie de ma vie pour faire la sienne. Elle m'a absorbée. Durant mon analyse, j'ai vu mes mains, mes bras, mes jambes... poussés comme si je n'avais jamais pu être, j'avais l'impression de devenir folle.
Et la terreur, même si j'en ai pas vraiment le souvenir commence sûrement dès le berceau. J'ai été terrassée, paralysée, figée seule avec des adultes qui m'ont mis dans leurs conflits, dans un climat incestueux, vide et froid. Je rasais les murs pour éviter de faire partie de cette famille de fous.

georgesN — 07-07-2009 07:56

"Je ne suis jamais née pour moi. Ma mère s'est nourrie de ma vie pour faire la sienne. "
je ressens un fort malaise en vous lisant.
j'ai le sentiment d'entendre parler votre psy
"Durant mon analyse, j'ai vu mes mains, mes bras, mes jambes... poussés comme si je n'avais jamais pu être" Pourriez-vous dire plus ?
Quel âge avez-vous? Vos parents sont-ils vivants?

colibri — 07-07-2009 08:42

Je n'ai jamais pu être. J'ai souffert et souffre d'agoraphobie, j'ai des vertiges, je me sens absente comme si je n'étais pas là, je n'habite plus mon corps. Je ressens des menaces autour de moi, je ne devrais pas être là.
J'en ai marre de cette histoire, elle est complètement piègeante de partout, confuse, je crois qu'il n'y a pas de sortie.

J'ai 34 ans et mes parents sont vivants. Je ne veux plus les voir, j'ai compris que c'est eux qui ont engendré tout ça. Je leur ai longtemps pardonné car je me disais qu'il avait eux aussi leur propre histoire difficile sûrement mais là je ne peux plus. Aujourd'hui, je n'ai pas vie, tout me fait peur et je me demande comment je vais me débrouiller pour vivre, je les déteste, je pense qu'on devrait empêcher les gens comme ça d'avoir des enfants. Je suis terrifiée, j'essaye de tenir mais parfois j'ai de nouveau envie de mourir, de partir à tout jamais pour trouver la paix.

georgesN — 07-07-2009 09:27

"je crois qu'il n'y a pas de sortie"
je SAIS que si
tout votre problème est très simple-mais ça ne veut pas dire facile, malheureusement!- est d'orienter votre haine, vos désirs de meurtre AILLEURS QUE SUR VOUS-MÊME

colibri — 07-07-2009 11:08

Quelle est cette angoisse profonde que j'éprouve à l'intérieur de moi, qui me terrifie,  qui me dit que je n'ai rien à faire là, et que je ne pourrais jamais vivre avec les autres ?

georgesN — 07-07-2009 16:03

"un climat incestueux"
?

colibri — 07-07-2009 16:43

Comment un analyste a t-il pu passer à côté des pistes que vous donnez ?

georgesN — 07-07-2009 22:44

l'analyste compte généralement vous laisser découvrir PAR VOUS MÊME et non par des indications ce qui peut vous avoir marquée, construite ou démolie.
Qu'y a-t-il dans sa tête, je l'ignore.

colibri — 08-07-2009 09:09

L'analyse a pour but entre autre de nous aider à aller mieux, à vivre mieux, pas à conduire au suicide il me semble.
N'est-ce pas aussi à l'analyste de voir ce qui est en train de se refaire, d'aider la personne à sortir de sa place et non continuer à le remettre dans ce qu'il y a de plus dangereux pour lui ?

georgesN — 08-07-2009 11:54

oui,  on peut dire comme ça.
Mais je ne puis commenter la méthode d'un confrère, fut-il "jungien"et même si je me demande comment on peut être "jungien"... mais ce n'est qu'une opinion.
En tout cas, vous semblez dans une vieille colère noire et croissante, vis à vis de ce brave homme!
Qu'allez-vous faire de cette rage?

colibri — 08-07-2009 12:32

La rage, je ne sais pas. J'ai surtout peur aujourd'hui de cette hisoire, je finis par ne plus rien comprendre et je me dis que peut-être mon parcours était finalement trop piégeant et qu'on ne peut pas en sortir. Je suis peut-être destinée à l'inexistence, à la mort ou à sombrer dans la folie.

Tant qu'à l'analyste, il me disait toujours que j'avais une grande force pour avoir tenu dans ce climat, peut-être que finalement lui n'avait pas la force de m'aider et qu'il a été dépassé.

georgesN — 08-07-2009 13:58

"destinée à"
le premier travail que vous pourriez entamer serait de jeter aux orties les notions de "destinée" !
L'autre chose est de comprendre votre TS. Sachant que c'est souvent une auto-agressivité résultant de l'impossibilité d'être hétéro-agressive.
"mon parcours était finalement trop piégeant" Primo Lévi et Jorge Semprun ont connu les camps (Auschwitz..): l'un s'en est sorti et l'autre a fini par se suicider.
Peut-être pourriez-vous lire Tanguy de Michel del Castillo... C'est un roman autobiographique qui donne beaucoup de raison "d'y croire" malgré tous les parcours piègeant!
Votre analyse est terminée?

colibri — 08-07-2009 14:36

Non, mon analyse n'est pas terminée. Une analyse qui se finit par une TS n'est pas une fin d'analyse, je ne crois pas.
Je suis retournée voir un autre analyste, il y a quelques mois et j'ai eu de nouveau très peur de me retrouver à cette place, comme si les mots, ce qu'on projette sur moi m'amène à vouloir me détruire, avec un fort sentiment d'être toujours seule responsable et totalement dans la confusion.
On me dit que j'ai le choix, mais le choix de quoi, je n'ai pas choisi de naître dans cette famille. Et, si j'avais vraiment le choix, j'aurai choisi un autre parcours et aujourd'hui, j'aurai une vie, MA vie avec les problèmes certes que chaque humain peut recontrer mais cette place de M...E, je ne l'ai pas demandé, je n'en veux pas. Je la déteste.
J'ai toujours cette sensation d'inexistence, de ne pas pouvoir être et j'ai peur, très peur de ce parcours et de ce que je ressens. Est-ce que je pourrais arriver à vivre un jour ?