King Julian — 29-05-2009 22:24

Comment faire rire un paranoïaque de François ROUSTANG

a écrit:

Que se passe-t-il entre un psychanalyste et son patient ? Qu'est-ce que cette relation a de particulier ? Pourquoi, dans des cas trop nombreux la cure ne procure-t-elle aucun bienfait ? Pourquoi, bien souvent, est-elle le théâtre de détériorations persistantes ?

" François Roustang excelle dans ce texte très polémique. " (Corinne Ehrenberg, Esprit.)

" François Roustang : un hérétique particulièrement astucieux, des essais toujours surprenants et excitants pour l'esprit. Ce qu'il nous propose : un " gai savoir " de l'inconscient. Il y a donc urgence à le lire et à le relire. " (Le Monde.)

http://www.psychanalyse-en-ligne.org/li … aque-.html


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King Julian — 29-05-2009 22:28

Alors Peaubleue, tu dois avoir terminé le livre maintenant, qu'en penses tu ?

Il me reste une trentaine de pages, mais pour l'instant mon passage favori est

a écrit:

"si l'analyse se poursuit, c'est pour se donner l'illusion qu'une recherche indéfinie donnera enfin la solution, qu'elle pourra combiner les nécessités de l'existence avec l'irresponsabilité du foetus dans le sein de sa mère. Probablement toute l'idéologique analytique est suspendue à ce sans fin."

p.135

jocastre — 30-05-2009 17:47

Et ba non! lol je le commence à peine....

Donc je ne peux en parler sauf avec mention superspéciale subjectivité!!
J'en suis à une trentaine de page, ce gars écrit formidablement bien, et comme j'ai une attirance envers les endroits indéfinis qui pourraient réunir des choses qui me semblent se repousser, j'ai relevé un parallèle avec les deux bouquins de Janov que j'ai lu, dans le sens où la psychanalyse reste un des meilleurs outils, outil dépendant néanmoins de celles et ceux qui croient s'en servir... Y'a du avoir pas mal d'abus!
Roustang et Janov semblent se rejoindre sur la nécessité d'accueillir l'individu dans sa totalité (manière de se tenir, visage, expressions.. TOUT) dans la limite de ses propres sens humanisés.
Mais je ne m'épancherai pas plus, et le passage que tu as relevé est un des moteurs d'une partie de ma réponse... Fascinant! J'attends de lire le livre entièrement.

jocastre — 30-05-2009 17:53

P.s: Tout ce qu'ils disent ne me parait pas échapper à ce que je ressens de mon psy... La psychanalyse conserve pour moi le monopole de la complexité humaine... Rien n'empèche d'ailleurs à un psychanalyste d'avoir "étudié" du Roustang et du Janov, et le plus possible de branches d'ailleurs!

peaubleue — 06-06-2009 13:40

Voilà un passage de son livre qui a attiré mon attention:
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Page 39 à 41,

a écrit:

Si la réalisation de l'inceste est impensable, il ne saurait être fantasmé ou rêvé.Il faut même retourner la proposition et affirmer que l'inceste ne peut structurer dans la sphère du fantasme et du rêve que dans la mesure où sa réalisation est pensable. Et pensable signifie qu'il l'est de part et d'autre, du côté du père ou de la mère et du côté des enfants, et en analyse du côté du psychanalyste et de l'analysant.
Propos scandaleux, mais qui sont pourtant d'une extême banalité. Le scandale que l'on veut y voir n'est qu'un moyen de se défendre soi-même, très mal d'ailleurs, de pulsions que l'on préfère ignorer complètement. Car enfin est-il concevable que la petite fille qui veut coucher avec son père (remarquez que la pudique littérature analytique préfère parler du fantasme d'avoir un enfant du père, ce qui pourtant, la chose est à noter, est bien plus grave pour les civilisations anciennes, parce que l'inceste est devenu visible) puisse s'exprimer ainsi, si rien de son père ne passe vers elle qui lui permette de forger ces fantasmes? Les fantasmes ne sont pas des production imaginaires qui sortent de nulle part. Ils ont été inscrits dans le corps par le père lui-même.
On le constate à l'inverse chez les personnes qui sont comme interdites de fantasmes et de rêves: s'il en est ainsi, c'est que dans leur enfance il leur a manqué d'être entourés par des amours et des désirs incestueux. Que les parents ne veuillent rien en savoir, et les psychanalystes non plus, cela ne change rien à cette affaire. Là où l'inceste n'a jamais été pensable ou possible, on constate l'absence de subjectivité, l'abolition de la possibilité de différences, et avec elle la transformation de l'individu en une machine à réaliser son destin par l'autre.
Cette banalité peut être transposée dans la cure analytique.
Quand Freud nous dit que la psychanalyse est une guérison par l'amour, il pense évidement à l'amour du patient pour l'analyste. De l'amour de l'analyste pour le patient, il ne peut être question. C'est prohibé, c'est dangereux. Il ne sera qu'un mirroir, qu'un récepteur. Et le transfert, l'invention du transfert comme concept opératoire doit en rester là. Mais c'est faux. Comment tel trait de l'analyste, la couleur de ses yeux, le timbre de sa voix, la courbe de son nez, sa main entrevue, comment tout cela pourrait-il devenir le point d'ancrage de désirs incestueux, si le psychanalyste lui-même ne cherchait à séduire, n'était pas de quelque façon amoureux, n'était pas habité par des désirs incestueux (et pas par le Désir du Désir avec des D hypermajuscules)?
C'est une plaisanterie que de ne pas vouloir le reconnaître. Comme si l'on pouvait sortir quelqu'un de la jouissance morbide où tous les mécanismes névrotiques et psychotiques viennent puiser de quoi se renouveler, se déplacer, s'inventer de nouveaux visages, sans une force d'une vigueur, d'une densité, d'une vitesse égales!
Il faut même aller plus loin. Si la réalisation de ces désirs incestueux n'est pas réellement possible, ils ne sont rien. Ils n'existent que s'ils tendent à la satisfaction. On a confondu deux choses qui sont parfaitement distinctes, à savoir la prohibition de l'inceste et son impossibilité. Un ami qui n'est ni sot ni inculte et auquel je disais l'autre jour que je me préparais à écrire quelque chose à propos de l'inceste m'interrompit: << Tu veux dire: la prohibition de l'inceste. >>
On ne pourrait donc plus parler de l'inceste que sous le chef de la prohibition, estompant par là même son existence et sa valeur d'une part, sa possibilité d'autre part.La prohibition ne change rien à sa possibilité réelle.
Il n'y aurait pas de prohibition, et une prohibition sans cesse répétée, si l'inceste était purement et simplement impossible.

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Tout cela me laisse dans une intuition indescriptible... Bizarre pour une intuition?

Je vais me replonger dans "la biologie de l'amour" de Janov, qui au delà de sa fascinante (=elle attire et effraie à la fois) théorie, est un apport riche facile et interessant pour le profane dans le domaine de la neurologie.