Manon — 08-11-2007 11:54

Pour remettre nos peurs à leur juste place, comme un remède à nos angoisses, le psychologue et psychothérapeute Roland Pec viendra nous éclairer le jeudi 15 novembre à 20h30. Et nous expliquer le pourquoi de ses éloges.

Que voulez-vous dire par : « Il ne faut plus avoir peur d’avoir peur » ?

La peur a toujours eu mauvaise presse. Nous pensons qu’il s’agit d’une souffrance et qu’il faut la traiter. Par les représentations mentales et les scénarios qu’elle suscite, je pense au contraire que la peur constitue un médicament contre les angoisses, flot d’émotions qui ne permettent plus aucune mentalisation. Si l’angoisse correspond à une mort mentale, la peur ou phobie peut elle généralement être contrôlée, en tout cas amenuisée par un moyen contra-phobique. Prenez l’exemple d’un chef qui vous terrorise et vous fait peur dès qu’il ouvre la bouche. Imaginez-le dans une tenue qui le ridiculise, moyen contra-phobique, il vous paraîtra rapidement inoffensif.

Par les films, les livres, les sports à sensations, voire les religions, beaucoup de personnes « jouent à se faire peur » ?

Tout à fait, et cela confirme mon point de vue. Si la peur n’existe plus, si l’on refuse par exemple à un enfant le droit de croire aux fantômes (au lieu de trouver le moyen pratique de les faire fuir…), ce sont des angoisses bien plus profondes qui risquent d’être réveillées, des angoisses que nous avons tous en chacun de nous, liées à notre propre mort, mais aussi à celle de ceux que nous aimons. Le principe consiste donc à passer de l’angoisse à la peur, pour ensuite pouvoir soigner cette peur, et vivre avec le moins d’effets secondaires possible.

L’angoisse serait-elle plutôt du domaine de l’inné ?

Elle apparaît d’emblée lorsqu’on vient au monde. Seuls sont bénis les trois derniers mois de gestation -lorsque le cerveau est suffisamment développé pour garder une trace mémorielle-, les besoins sont alors assouvis à la moindre seconde. Une fois l’enfant né, le besoin de respirer et les premières frustrations se font sentir. Avec les premiers besoins apparaissent les premières angoisses. Le mental, en grandissant, permet de limiter ces angoisses, et le passage à la peur est en quelque sorte salvateur.

Se créer des peurs est-il le seul remède contre nos angoisses ?
Non, effectivement. L’angoisse est due à notre capacité de nous projeter dans le futur. Fabriquer de la durée, épaissir le temps, est donc également un moyen de lutte efficace. Cela peut se faire par des projets, par les enfants aussi, qui nous permettent de nous voir vivants dans la durée, ou encore l’échange épistolaire. Nous pouvons nous-mêmes créer nos propres outils ou les puiser à l’extérieur, en recourant aux thérapies.

Conférence « L’éloge de la peur »
par Roland Pec
Jeudi 15 novembre à 20h30
Espace Yitzhak Rabin
Infos : 02/543.02.70 ( Belgique Bruxelles)

Manon