J'aimerais connaître votre lecture de la réaction que j'ai lorsque je suis confrontée aux problèmes des autres. Je précise... Je viens d'une famille où les problèmes étaient omniprésents. On pourrait dire qu'il s'agit d'une famille dysfonctionnelle. On aurait dit qu'on ne pouvait pas vivre sans qu'un problème se pointe quelque part. J'y ai vécu beaucoup de solitude et me suis débrouillée avec mes problèmes car mes parents semblaient toujours débordés eux-même. Le travail que j'exerce implique de traiter des problèmes et d'aider les gens à trouver des solutions: quel hasard!!! Lorsque je fais mon travail, ça va bien. Je l'ai choisi et je suis payée pour le faire. J'y trouve de la satisfaction. La difficulté que j'éprouve arrive lorsque je suis confrontée à des personnes, dans mon entourage, qui vivent des difficultés à répétition. J'avoue que là, je manque de tolérance. Pour ce qui est de mon réseau, j'ai eu à faire le "ménage" i.e. m'entourer de personnes autonomes et responsables qui ne me sollicitent pas toujours pour des problèmes. Voici où la situation se complique: je partage ma vie avec une personne qui joue le rôle de sauveur à l'occasion. Il se trouve que les personnes faisant partie de son réseau vivent souvent des difficultés et sollicitent son aide régulièrement. Je me retrouve indirectement impliquée, encore, dans des problèmes qui ne me regardent pas. Je vis toutes sortes d'émotions: colère, intolérance, fatigue, sentiment d'être envahie, peur que l'autre ne mette pas ses limites, ...Je me dis: "On dirait que je n'aurai jamais la paix!!!". J'éprouve alors le besoin de me protéger, de mettre des limites clairs et cela me fait ressentir de la culpabilité!!! Je me demande suis-je égoïste d'avoir besoin de paix, de penser à mon bien-être d'abord? J'ai de la difficulté à doser entre "penser à me prioriser et être disponible pour les autres". Je répète souvent que je n'ai rien à donner pour l'instant car d'abord, je dois m'occuper de mes propres problèmes! On dirait qu'avec mes expériences, j'ai développé beaucoup d'autonomie et une capacité d'être responsable de ma vie. Avant de demander aux autres, je me tourne vers moi-même. Ce qui me fâche, c'est que les autres ne font pas toujours de même! J'aimerais connaître les pistes que je devrais explorer en moi-même pour mieux saisir les éléments impliqués. J'ai l'intention aussi de retourner en thérapie. Merci pour vos commentaires.
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Si je saisi bien ce que votre réponse sous-entend, rien ne m'oblige à m'occuper des problèmes des autres même si je suis moi-même sans problèmes. Ce qui est vrai. Cependant, il y a le sentiment de culpabilité qui guette! Dans ma famille, s'occuper de soi, se faire de la place, se prioriser, était perçu comme très égoïste et même, oser faire cela me mettait en danger car je risquais que l'on me laisse seule avec mes problèmes si j'en avais (ce qui aurait voulu dire être abandonnée). C'est quand même bizarre car de toute manière, très souvent je devais me débrouiller seule avec mes problèmes. Dans un tel contexte, j'ai dû me montrer anormalement à l'écoute de mes parents et disponible à eux, à leurs problèmes, etc. (en espérant qu'en échange, ils seraient là pour moi). Comme si j'étais née pour m'occuper d'eux! Ce qui explique qu'aujourd'hui, j'aimerais profiter de mon bien-être sans avoir à me soucier de celui des autres. J'ai souvent pensé qu'il serait bon d'être égoïste sans éprouver de culpabilité! Avec tout cela, j'ai l'impression que la culpabilité gère ma vie... Peut-être que ma principale difficulté n'est pas que les autres me sollicitent, mais le fait de me sentir coupable de ne pas avoir envie de m'occuper d'eux? Merci beaucoup d'avoir pris le temps de me faire un commentaire (très pertinent). Vous m'aidez à approndir ma réflexion.
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Vous dites: s'occuper d'autrui pour répondre à un impératif...Est-ce qu'il manque le mot besoin dans votre phrase?
Après avoir lu votre réponse, j'ai fait une petite recherche sur le net et je suis "tombée" sur le texte suivant qui propose des idées qui font du bien:
Voici une partie du texte de André Baechler - www.reiki-formation.ch
Prendre soin de soi n'est pas égoïste L'égoïsme est le symptôme d'une maladie moderne très contagieuse, mais il n'a rien à voir avec le fait de prendre soin de soi. Les religions en ont fait un amalgame afin de contrôler par la peur et la culpabilité. Ainsi, nombreux sont celles et ceux qui pensent que se consacrer du temps ou se faire plaisir est égoïste. L'égoïsme se vit au détriment d'autrui, alors que le fait de prendre soin de soi ne nuit à personne, bien au contraire. La différence est fondamentale.
Lorsqu'une personne choisit de prendre soin d'elle, la culpabilité finit presque immanquablement par faire surface. Comment puis-je m'accorder quoi que ce soit, alors que le monde souffre autour de moi ? Ainsi, la majorité de l'humanité choisit de négliger ses propres besoins pour se tourner vers ceux d'autrui.
Les partis religieux qui condamnent le plaisir nous ont enseigné leur morale unidirectionnelle depuis des générations : "Sois charitable ! Aide ton prochain ! ..." Mais où est-il dit qu'il faut prendre soin de soi ? La notion de sacrifice y est omniprésente. Sous couvert de prôner l'altruisme, ils n'ont fait que répandre la frustration, menant indéniablement à l'égoïsme.
Il va de soi que dans l'idée d'imposer sa suprématie, aucun pouvoir religieux ne va affirmer : "Prenez soin de vous !" Nous avons donc été conditionnés à culpabiliser aussitôt que nous nous accordons quelque chose : "Mon Dieu, j'ai pris plaisir" ( Traduction : "Mon Dieu, j'ai péché" ).
S'oublier rend immanquablement aigri et frustré Le résultat est probant. La quasi-majorité des personnes s'étant sacrifiées pour autrui deviennent un peu plus aigries à chaque jour qui passe : "J'ai tout donné pour mes enfants, et aujourd'hui, ils ne me le rendent pas". J'ai entendu plus d'une fois des intervenant(e)s bénévoles affirmer avec fierté : "Lorsque je m'occupe des autres, je m'oublie totalement". A ce stade, le bénévolat devient franchement pathologique et toxique. Le bilan est catastrophique et la frustration règne en maître dans tout les milieux prônant le don de soi et la privation. Nous en connaissons les dérives qui mènent bien souvent à la perversion ou la maladie, ultime manifestation de ce profond déséquilibre et de cette colère bouillonnante de s'être sacrifié durant tant d'années.
Prendre soin de soi demande du courage Le premier pas dans la vie est de prendre soin de soi et cela n'a rien d'égoïste. Vous ne pourrez jamais offrir à autrui ce que vous êtes incapable de vous offrir, c'est une loi naturelle incontournable. Tant de personnes recherchent l'amour à l'extérieur, tellement elles sont incapables de s'aimer elles-mêmes. Prendre soin de soi de manière authentique nécessite du courage, car pour cela il faut se rencontrer, sans détour et sans masque, accepter de se confronter à ses peurs et ses propres blessures. S'occuper d'autrui n'est pas forcément le chemin le plus escarpé, mais bien souvent la voie de la facilité, de la fuite et parfois même de la lâcheté envers soi-même. Oser se consacrer à soi demande généralement bien plus de courage que de se surcharger d'obligations extérieures, qui ne sont que prétextes à noyer le poisson.
Se changer soi-même pour changer le monde Lorsque vous tentez de donner à autrui ce que vous ne vous accordez pas à vous-même, vous vous videz de votre essence, vous vous dégonflez, tel un ballon percé. Pour que l'eau jaillisse de la fontaine, il faut que la fontaine déborde. Se recentrer sur soi va immanquablement éveiller un sentiment d'égoïsme auprès de l'entourage, mais peu importe. Si vous vous engagez dans cette quête, sincèrement, de manière authentique, vous allez combler de nombreux manques et frustrations. Vous allez devenir entier/entière, gagner en stabilité et dégager quelque chose de nouveau, de vrai.
Vous n'aurez alors plus rien de commun avec l'être dispersé que vous étiez. Alors seulement, l'émanation de cet équilibre intérieur, de cette harmonie va rayonner, tel un soleil, auprès des nombreux êtres qui vous entourent. Le premier pas consiste donc à cheminer vers soi, pour ensuite apporter aux autres, non plus forcément dans l'action, mais par qui vous êtes, par ce que vous émanez. Lorsque vous côtoyez une personne épanouie, celle-ci vous apporte par sa simple présence, par qui elle est, sans qu'elle ait besoin d'entreprendre quoi que ce soit face à vous.
L'égoïsme est le fruit de la frustration Si vous bouillonnez à l'idée de sauver la planète, commencez par investir toute cette énergie à votre propre service et dans un premier temps, soyez ce que la société qualifie d'égoïste. Même si vous choisissiez de vivre pleinement l'égoïsme, il viendrait un moment où celui-ci disparaîtrait comme par enchantement, car il n'est que la conséquence de nos frustrations, une vaine et maladroite tentative de nous réapproprier cet essentiel que nous sommes dans l'incapacité de retrouver, puisque nous le cherchons à l'extérieur. Si chaque être humain s'accordait pleinement une année de sa vie en se coupant totalement de l'extérieur, plus rien ne serait pareil et l'égoïsme disparaîtrait de la surface du globe. L'égoïsme est le fruit de la frustration.
En conclusion Comment pouvons-nous éclairer les autres si tout est éteint en nous ? Le phare ne peut guider les bateaux que si la lumière brille en lui. Partager ce qui nous habite est le plus bel acte d'altruisme que l'on puisse poser, à condition bien sûr d'avoir une richesse intérieure à partager. Je ne crois pas au don de soi dans le sens du sacrifice, mais au partage de ce que nous sommes en mesure de nous accorder.
Vous êtes la personne la plus importante. Commencez par prendre soin de vous et vous prendrez soin de l'univers ! C'est dans cet état d'esprit que je vous invite à vivre l'altruisme...
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