denis paré — 22-10-2008 16:46

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SOURCE: Claudette Samson Le Soleil, Québec

Un nombre croissant de jeunes arrivent dans les urgences de Québec en proie à une psychose toxique. Un phénomène que des spécialistes associent à la banalisation du cannabis, lequel atteint des concentrations de THC parfois très élevées.

Sans pouvoir donner de chiffres, la pédopsychiatre Nathalie Gingras et le psychiatre Marc-André Roy certifient que le phénomène est en nette augmentation. Tous deux participaient hier à une journée de sensibilisation à la première psychose, qui se déroulait au Cégep Limoilou. Près de 700 personnes de divers horizons y ont assisté.

Pour la plupart de ces jeunes intoxiqués, la psychose prendra fin en peu de temps, note le Dr Gingras. Mais pour certains autres, génétiquement plus vulnérables, elle pourra avoir des conséquences beaucoup plus prolongées. Le fait que les jeunes consomment de plus en plus tôt, à un moment où le cerveau est en plein développement, peut avoir un impact sur l'évolution du problème, mais les études sur ce sujet commencent à peine, dit-elle.

Selon le Dr Roy, la génétique est l'un des facteurs pouvant expliquer les psychoses et la schizophrénie, et ce, indépendamment de toute consommation de drogue. L'idée de tenir cette journée de sensibilisation au cégep tient au fait que c'est souvent vers la fin de l'adolescence ou au début de l'âge adulte que la maladie se manifeste. Et celle-ci n'est pas toujours facile à détecter.

Le fameux monologue d'Yvon Deschamps sur les adolescents souligne bien à quel point le comportement de ceux-ci peut parfois dépasser les parents, qui tendent à en mettre beaucoup sur le dos de la « crise d'adolescence ». Malheureusement, illustrait la Dre Gingras dans sa présentation, certains comportements dépassent largement la normalité.

L'un des premiers indices qui devraient alerter tout parent est l'isolement social. Celui-ci n'est pas nécessairement un symptôme de psychose à venir ni même de dépression, mais assurément un signe que quelque chose ne va pas.

Lorsqu'en plus le comportement du jeune change radicalement, qu'il se met à avoir des attitudes étranges, parle seul, qu'il développe des croyances bizarres, a des problèmes d'hygiène, il est certainement temps de réagir.

La pédopsychiatre convient que les parents et les jeunes sont rarement équipés pour faire face à la psychose, mais ils ont des ressources pour bouger, dit-elle. « C'est la même chose pour n'importe quelle maladie. » L'époque où la famille était ciblée comme principale cause de la maladie mentale est révolue. « Ce sont des croyances qui ont fait énormément de dégâts », note le Dr Roy, selon qui les milieux de soins misent de plus en plus sur la famille comme partie prenante au plan de soins des jeunes adultes.

Les adolescents acceptent difficilement la maladie, et tendent à se stigmatiser eux-mêmes - « Je suis fou » -, aussi les premières interventions se font-elles souvent en état de crise. Il faut du temps, au jeune comme au parent, pour apprivoiser l'arrivée de l'intruse dans leur vie, mais il y a aussi de l'espoir. L'intervention précoce et la médication permettent à de nombreux jeunes de vivre une vie des plus satisfaisantes.

Christelle Moreau — 08-06-2012 16:38

Merci à vous