j'ai 40 ans, 8 ans d'analyse pour revivre, sortir de plus de 30 ans de boulimie/anorexie et de descente en enfer, me réconcilier avec moi, ma féminité, la vie, et surtout me dire que je m'étais assez lontemps pourrie la vie toute seule. Et surtout, alors que sur le plan professionnel je m'en suis bien sortie, sur le plan intime, accepter ma sexualité, ou tout du moins, après une longue période de pause volontaire, l'assumer avec des partenaires qui me plaisent, pas comme avant, quand c'était comme un moyen supplémentaire de me salir, accepter de baisser les défenses mises en place face au comportement de mon père.
Et cet été, un nouveau pas, je me suis sentie amoureuse. Ca fait du bien ! J'ai rencontré il y a un mois un homme via un site de rencontre (Pas M...c, un autre).
Très vite j'ai proposé un RV, pour ne pas rester dans le virtuel. J'ai passé une soirée très agréable, on a discuté comme si on se connaissait depuis très longtemps. J'ai eu l'impression de laisser de coté ce qui m'entravait pour me montrer. J'ai choisi après ce RV de le laisser me recontacter, histoire de savoir s'il ya réciprocité ou non, ce qu'il a fait. 2nd RV chez lui, et nuit chez lui. Après, on a discuté par sms pour dire la hate de se revoir. J'ai été mesurée, veillant à ne pas l'innonder de messages, laisser le temps au temps.
Et c'est là que les choses se gatent.... On devait se revoir avant mon départ en vacances, il a repoussé (ben oui je deviens autonome : maintenant je retiens hotel, billet d'avion et je vais découvrir le monde, plutot que de faire comme avant, rester enfermée chez moi à me lamenter du vide que j'ai fait autour de moi ! bon, je me calme, mais je suis fière de moi!). Bref, pas de problème, échanges de sms pendant cette semaine de vacance, je dis que je pense à lui, lui aussi. Je le recontacte à mon retour, comme prévu : pas disponible, sa mère est chez lui. OK. Le lendemain, je le recontacte, il me demande quand je rentre. euh...je suis rentrée ! il m'explique qu'il croule sous le travail, qu'il est fatigué. OK, on repousse le RV, pas de problème. Il préfère qu'on se voit quand il est en vacance. Ok. De toute façon je dois repartir une semaine. Et là il me propose un resto avant mon départ. Je réserve. Arrivée devant le resto, le dit soir, il m'annonce par sms qu'il ne peut pas venir, il est retenu par son travail. J'exprime ma déception. Et je vais manger seule, autant profiter des fruits de mer hyper frais que j'avais retenus !
Mon psy avant son départ en vacances me dit qu'il vaut mieux passer à autre chose, que cet homme parait trop fuyant, et que les raisons en sont complexes, pas forcément liées à moi comme j'ai tendance à le penser. Cet homme est divorcé depuis un an, il ne sait peut être pas ce qu'il veut.
Mais j'ai eu envie de voir ce qu'il en est. Cet homme la semaine passée me repropose un RV pour ce lundi. Et nouveau lapin. Entre sa proposition et aujourd'hui il a changé ses projets, et si je ne l'avais pas contacté dimanche soir pour confirmer le RV, j'aurais attendu un bon moment.
Bon, là j'ai dit stop, que je comprenais ses contraintes, mais stop, que cela n'était pas incompatible avec de la considération. Il me répond que c'est dommage, qu'il m'aimait bien. Pas la peine de laisser trainer cette situation. Mais je suis quand même mal. J'ai l'impression d'avoir été mesurée, de ne pas avoir fait comme avant, quand j'attendais d'un homme qu'il me sauve. J'ai l'impression d'avoir pris les choses comme elles viennent, que le hasard de cette rencontre était un bel hasard ! Mais c'est dur à digérer.
Je crois que ce qui me perturbe, c'est de penser à toutes ces années centrées sur mes maux à moi, des années à me sentir comme un monstre ne pouvant être que repoussante, à ne pas voir ce que maintenant je perçois, et qu'on me dit, que je suis mignonne, agréable. Et là, j'ai l'impression d'avoir tendu des perches, de ne pas avoir couper net comme je le faisais avant, quand je sentais que quelqu'un me plaisait, comme si je ne pouvais que rejetter pour anticiper le rejet.
Bref j'ai l'impression qu'il a ses propres problèmes cet homme, et que je n'y peux rien. Je vis sans lui. J'ai mes activités, j'ai repris des cours de conduite, alors que je n'avais plus touché le volant depuis mon permis à 20 ans, et que pendant toutes ces années je pensais être incapable d'être autonome (et tout s'est bien passé, je conduis impec!).
Mais en même temps je sais que moi je ne suis pas ""normale"", je sais, ça n'existe pas, mais je ne peux pas m'empécher de penser qu'à 40 ans, je découvre des choses qu'habituellement on vit beaucoup plus tot, et que je ne suis pas blindée.
Alors en ce moment, c'est un peu les montagnes russes. Il n'y a pas mort d'homme, mais ce n'est pas évident. Mon psy me disait que le mieux était de passer à autre chose, à d'autres rencontres, mais je ne peux pas, comment chasser cette impression que le mieux pour me protéger est de ne plus prendre le risque d'être attiré par quelqu'un?
|
merci..pas évident. En fait ce week end j'ai craqué, je lui ai adressé des sms, réponse "je t'écrirais plus tard", j'ai appelé et laissé des messages, puisque portable coupé, envoyé cinq ou six mèl.....pour lui dire d'être clair dans ce qu'il veut.
En plaisantant, j'ai listé toutes les raisons qui pouvaient expliquer son silence : qu'il soit occupé, malade, qu'il ait perdu son portable, qu'il soit devenu aphone, qu'il ai rencontré qq d'autre, qu'il ne sache pas trop s'il voulait me voir, ou qu'il soit marié.
Je lui ai dit que j'assumais ces envois, mais qu'il ne soit pas contradictoire entre "oui je veux te voir" et ne rien faire pour. Qu'il dise clairement s'il n'avait voulu que d'une relation d'un soir. Sa dernière réponse m'a permis de tirer un trait, il me disait que c'était comme un test, et qu' je suis égoiste, ne voir que mon bien être, que sa fille était restée seule 5 jours sans le bombarder de messages. Alors qu'à de nombreuses reprises il m'avait dit ne pas pouvoir me rencontrer, trop pris par sa fille.
J'ai répondu que parfois les tests suscitent un comportement en réponse. Mais je ne suis pas entrée dans la polémique. Pas la peine.
Bon, mais ce qui m'effraye c'est que si le plus souvent je suis restée posée, j'ai eu par moment comme des pics d'anxiété, comme peur d'être abandonnée, et dans ces moments là je revoyais mon père muré dans son silence, ou avec toutes ses maitresses, et surtout, je me revoyais quand juste avant la fuite de ma mère de la maison familiale, regarder mon père et me dire que ça serait bientot fini. Après le départ je ne l'ai presque pas vu pendant 10 ans. J'ai entrepris une analyse deux ans après le sucicide d'un de mes frères, quand, au fond du trou, j'ai du décider d'aller voir ou non mon père à l'hopital, en phase terminale d'un cancer.
J'ai évité d'appeler dans ces moments, mais l'angoisse devait transparaitre.
J'aurais préféré que cet homme me dise "on s'en tient là" plutot que ce silence.
Et moi, comme j'ai été attiréé par cet homme, plutot que de ne pas me mettre la pression toute seule en discutant avec d'autres hommes, j'ai eu l'impression que si je faisais ça je ne serais pas honnète envers lui.
Bon, je viens de comprendre, qu'au contraire, ça permet d'être moins scotchée, et que ce qui importe c'est moi, et d'être claire avec les autres.
Ce qui est difficile, c'est qu'avec toutes ces années de mal être j'ai fait le vide autour de moi : pas d'amis d'enfance, de fac, ou autres. Comme s'il fallait toujours couper.
Je reconstruis, je fais des rencontres au travers d'activités, je discute sur des forums, j'ai les liens avec les collègues de travail, alors que là aussi, avant, je ne pouvais être que repoussante.
L'été ne m'angoisse plus comme avant, mais parfois j'ai peur, j'ai l'impression d'avoir fait un tel chemin pour sortir la tête de l'eau, et me rendre compte que si j'ai un avantage, ne pas être blasée, avoir pleins de choses à découvrir, en fait, il ya un manque parfois tellement énorme que ça me submerge.
Mon psy me dit de prendre les choses comme elles viennent, je profite de ce que m'accorde la vie, je me crée un environnement qui me plait, parce que maintenant j'ai des envies, mais j'ai l'impression que je serais toujours à part.
|